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Des centaines de milliers d'Argentins manifestent pour défendre l'université publique

Des manifestations ont rassemblé, mardi, des centaines de milliers de personnes à Buenos Aires et dans d'autres villes argentines pour défendre l'université publique gratuite. Ces marches ont été dénoncées comme "politiques" par l'exécutif.

Des manifestants brandissent des livres lors d'une marche de protestation contre l'ajustement budgétaire des universités publiques à Buenos Aires, en Argentine, mardi 23 avril 2024.
Des manifestants brandissent des livres lors d'une marche de protestation contre l'ajustement budgétaire des universités publiques à Buenos Aires, en Argentine, mardi 23 avril 2024. © Luis Robayo, AFP
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Brandissant des livres, des centaines de milliers d'Argentins, étudiants au premier rang, ont manifesté mardi 23 avril, à Buenos Aires et en province, contre la politique d'austérité du gouvernement ultralibéral de Javier Milei et "en défense de l'université publique gratuite".

Dans la capitale, la mobilisation, probablement la plus importante depuis le début de la présidence Milei en décembre, a rassemblé "entre 100 000 et 150 000" personnes, selon une source policière, et un demi-million, selon l'Université de Buenos Aires (UBA). Un syndicat enseignant a fait état d'un million de manifestants à l'échelle du pays.

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Étudiants, parents, enseignants, agents d'université, mais aussi des syndicats et membres de partis d'opposition, ont paralysé tout l'après-midi le centre de Buenos Aires, aux abords du Parlement, jusqu'à la Place de Mai, noire de monde en fin de journée, a constaté l'AFP.

"Ils veulent lui couper les vivres en prétendant qu'il n'y a pas d'argent. Il y en a, oui, mais ils choisissent de ne pas le dépenser dans l'éducation publique", déplorait à l'Agence France-Presse Pablo Vicenti, étudiant en médecine de 22 ans.

À Buenos Aires, dans une ambiance festive, des étudiants brandissaient symboliquement un livre a bout de bras, mardi 23 avril 2024.
À Buenos Aires, dans une ambiance festive, des étudiants brandissaient symboliquement un livre a bout de bras, mardi 23 avril 2024. © Emiliano Lasalvia, AFP

D'autres rassemblements en province ont mobilisé la soixantaine d'universités publiques du pays ainsi que des instituts privés. À Cordoba (centre), siège de la plus ancienne université du pays fondée au début du XVIIe siècle, le cortège a rassemblé des dizaines de milliers de personnes.

Menace de paralysie pour plusieurs universités

Les universités publiques, qui accueillent plus de 2,2 millions d'étudiants, se disent "en urgence budgétaire" depuis que le gouvernement a décidé de maintenir, pour l'année universitaire 2024 (qui a débuté en mars) le budget 2023, malgré une inflation de 288 % sur douze mois. Et ce dans le cadre d'une austérité budgétaire tous azimuts, pour viser un "déficit zéro" en fin d'année, objectif du gouvernement Milei, et dompter l'inflation.

Pour plusieurs établissements, c'est une menace de paralysie, et certaines sections de la prestigieuse UBA ont récemment mis en place des économies d'urgence : parties communes non éclairées, usage restreint des ascenseurs, heures de bibliothèque réduites, etc.

La Faculté des sciences exactes de l'UBA, qui forma notamment le Nobel de Médecine/Physiologie 1984 Cesar Milstein, a ainsi mis en place un décompte en ligne jusqu'au jour où son budget 2024 sera épuisé. Mardi à l'heure de la manifestation, il lui restait 37 jours, 9 heures et 15 minutes.

Le gouvernement semble inflexible 

La grande centrale syndicale CGT s'est jointe à la protestation, ainsi que des organisations de gauche radicale, des politiciens d'opposition, prêtant le flanc à l'accusation de "manifestation politique" de l'exécutif. Javier Milei a rajouté de l'huile sur le feu, accusant certaines universités publiques d'être des lieux d'"endoctrinement" de gauche.

Le sous-secrétaire d'État aux Universités, Alejandro Alvarez, a mis en garde les manifestants et leurs soutiens. "Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, mais tant que Javier Milei sera président, l'argent public qui va aux Universités sera AUDITÉ (...) nous instaurons une inspection et un audit qui n'existaient pas", a-t-il indiqué sur X.

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Le porte-parole présidentiel, Manuel Adorni, a souligné, lundi, que l'éducation publique argentine a été par le passé "un phare éducatif en Amérique" mais que "depuis des décennies l'université a de graves problèmes (...) et des taux d'achèvement d'études qui plongent".

"On ne peut pas remettre en question 200 ans d'histoire. Même avec un budget très faible, l'UBA figure parmi les trois meilleures universités d'Amérique latine", protestait le doyen de la Faculté de médecine de l'UBA, Luis Brusco.

Des milliers de personnes arrivent sur la place Plaza de Mayo lors d'une marche de protestation contre l'ajustement budgétaire des universités publiques à Buenos Aires, mardi 23 avril 2024.
Des milliers de personnes arrivent sur la place Plaza de Mayo lors d'une marche de protestation contre l'ajustement budgétaire des universités publiques à Buenos Aires, mardi 23 avril 2024. © Luis Robayo, AFP

Manuel Adorni a aussi rappelé un accord, il y a quelques jours, pour augmenter les frais de fonctionnement des universités en deux fois, +70 % en mars, puis +70 % en mai. Loin de l'inflation, mais désormais une "discussion réglée", selon lui.

"N'espérez pas une issue du côté de la dépense publique", a mis en garde lundi soir Javier Milei, en claironnant un excédent budgétaire au premier trimestre 2024, sans précédent depuis 2008, grâce à l'austérité. "Notre plan fonctionne", s'est-il vanté.

Avec AFP

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