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Mars 2024 est le dixième mois consécutif à battre un record de chaleur

Avec une température moyenne 1,68 °C plus élevée qu'un mois de mars normal dans le climat de l'ère préindustrielle, mars 2024 a été le dixième mois consécutif à battre un record de chaleur, selon l’observatoire européen Copernicus.

Un ventilateur dans le métro de Mexico pendant une vague de chaleur, le 13 mars 2024.
Un ventilateur dans le métro de Mexico pendant une vague de chaleur, le 13 mars 2024. © Quetzalli Nicte-Ha, Reuters
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Avec un nouveau record de température en mars, les douze derniers mois ont été les plus chauds jamais enregistrés dans le monde, 1,58 °C de plus que dans le climat de la planète au XIXe siècle, avant que se fasse sentir l'effet de la combustion des énergies fossiles, de la déforestation ou de l'agriculture intensive.

Poursuivant une série ininterrompue de dix records mensuels, mars 2024 constitue un nouveau signal après une année où le réchauffement climatique anthropique, accentué par le phénomène El Niño, a multiplié les catastrophes naturelles, alors que l'humanité n'a pas encore diminué ses émissions des gaz à effet de serre.

Limite de 1,5 °C

Si juillet 2023 est devenu le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde, tous les mois depuis juin ont aussi battu leur propre record. Mars 2024 poursuit la série, avec une température moyenne 1,68 °C plus élevée qu'un mois de mars normal dans le climat de l'ère préindustrielle (1850-1900), a annoncé mardi le service changement climatique (C3S) de l'observatoire européen Copernicus.

Sur les douze derniers mois, la température du globe a été 1,58 °C plus élevée qu'à l'ère préindustrielle, dépassant la limite de 1,5 °C fixée par l'accord de Paris. Cette anomalie devrait toutefois être relevée en moyenne sur "au moins 20 ans" pour considérer que le climat, et non la météo annuelle, a atteint ce seuil, rappelle l'observatoire. Mais "nous sommes extraordinairement proches de cette limite et nous sommes déjà en sursis", déclare à l'AFP Samantha Burgess, cheffe adjointe du C3S.

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Record absolu pour les océans

Cela fait désormais plus d'un an que la température des océans, régulateurs majeurs du climat qui recouvrent 70 % de la Terre, est plus chaude que celles présentes dans toutes les annales. Mars 2024 établit même un nouveau record absolu, tous mois confondus, avec 21,07 °C de moyenne mesurés à leur surface (hors zones proches des pôles) par Copernicus.

"C'est incroyablement inhabituel", relève Samantha Burgess. Cette surchauffe menace la vie marine et entraîne plus d'humidité dans l'atmosphère, synonyme de conditions météorologiques plus instables, comme des vents violents et des pluies torrentielles. Elle réduit aussi l'absorption de nos émissions de gaz à effet de serre dans les mers, puits de carbone qui emmagasinent 90 % de l'excès d'énergie provoquée par l'activité humaine.

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Sécheresses et inondations

"Plus l'atmosphère mondiale se réchauffe, plus les événements extrêmes seront nombreux, sévères, intenses", rappelle la scientifique, citant la menace "des vagues de chaleur, sécheresses, inondations et incendies de forêt".

Parmi les illustrations récentes, de graves pénuries d'eau frappent le Vietnam, la Catalogne ou encore l'Afrique australe : après le Malawi et la Zambie, 2,7 millions de personnes sont menacées par la famine au Zimbabwe, qui a déclaré l'état de catastrophe nationale. Bogota vient de rationner l'eau potable et la crainte des pénuries plane sur la campagne électorale au Mexique.

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À l'inverse, la Russie, le Brésil ou la France ont connu des inondations remarquables. L'influence du changement climatique sur chaque événement reste à confirmer par des études scientifiques. Mais il est établi que le réchauffement climatique, en accentuant l'évapotranspiration et en augmentant l'humidité potentielle dans l'air, accentue l'intensité de certains épisodes de précipitations.

Fin d'El Niño mais pas des records

Depuis juin, la météo mondiale subit l'effet du phénomène climatique naturel El Niño, synonyme de températures plus élevées. Celui-ci a atteint son pic en décembre mais doit encore se traduire par des températures continentales au-dessus de la normale jusqu'en mai, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Selon elle, il y a des chances que le phénomène inverse – La Niña – se développe "plus tard cette année" après des conditions neutres (ni l'un ni l'autre) entre avril et juin.

D'autres records seront-ils alors battus ces prochains mois ? "Si nous continuons à voir autant de chaleur à la surface de l'océan (...), c'est très probable", avertit Samantha Burgess.

Ces records dépassent-ils les prévisions ? La question est débattue par les climatologues après une année 2023 hors norme, la plus chaude jamais mesurée. Cette chaleur supplémentaire, "nous pouvons l'expliquer en grande partie, mais pas entièrement", résume Samantha Burgess. "2023 se situe dans la fourchette des prévisions des modèles climatiques, mais vraiment à la limite extérieure", loin de la moyenne, ajoute-t-elle, inquiète.

Émissions croissantes

Les concentrations dans l'air de dioxyde de carbone (CO2), de méthane et de monoxyde d'azote – les trois principaux gaz à effet de serre d'origine humaine – ont encore augmenté en 2023, selon les estimations de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) publiées vendredi. La concentration de CO2 s'établit en moyenne à 419,3 parties par million (ppm) sur l'année 2023, soit une augmentation de 2,8 ppm depuis 2022.

Toutefois, selon le projet Carbon Monitor, les émissions mondiales de CO2 en 2023 n'ont augmenté que de 0,1 % par rapport à 2022, atteignant 35,8 gigatonnes. Si ces estimations laissent présager un plateau des émissions humaines, elles représentent toutefois de "10 % à 66,7 % du budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 1,5 °C", notent les auteurs.

Avec AFP

 

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