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INTERVIEW

Raid israélien à Damas : "L'Iran semble redouter un conflit ouvert avec Israël"

Ancien ambassadeur de France en Syrie et conseiller spécial à l'Institut Montaigne, Michel Duclos revient, pour France 24, sur les frappes qui ont touché lundi le consulat iranien à Damas, que la République islamique impute à Israël.

Une ambulance garée devant l'ambassade d'Iran après le raid sur le consulat iranien à Damas, en Syrie, le 2 avril 2024.
Une ambulance garée devant l'ambassade d'Iran après le raid sur le consulat iranien à Damas, en Syrie, le 2 avril 2024. © Firas Makdesi, Reuters
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C’est la première fois qu'un bâtiment diplomatique iranien est directement frappé en Syrie par un raid israélien. Lundi 1er avril, une frappe inédite, attribuée par l’Iran à Israël, a touché le bâtiment abritant le consulat iranien et la résidence de l'ambassadeur iranien dans un quartier résidentiel de Damas.

La télévision d'État iranienne a indiqué que les "six missiles tirés par des chasseurs F-35" ont fait 13 morts, six Syriens et sept Iraniens. Parmi ces derniers, deux commandants de la Force Al-Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution : Mohammad Reza Zahedi et Mohammad Hadi Haji Rahimi. Le premier était le commandant de la Force Al-Qods pour la Syrie, le Liban et les Territoires palestiniens, selon plusieurs sources concordantes.

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Alors que Téhéran a promis de riposter, à quoi peut-on s’attendre ? Se dirige-t-on vers une escalade régionale incontrôlable ? France 24 a interrogé Michel Duclos, ancien ambassadeur de France en Syrie et conseiller spécial à l’Institut Montaigne, un think tank libéral français.

France 24 : Peut-on parler de nouveau palier franchi dans les tensions régionales depuis le 7 octobre ?

Michel Duclos : Ce qui est sûr, c'est qu'Israël va effectivement un peu plus loin dans la qualité des cibles visées, puisqu’il y avait plusieurs commandants des Gardiens de la révolution qui participaient à une réunion stratégique à Damas.

L'une des questions que pose cette affaire, c'est : "Comment les Iraniens n'ont-ils toujours pas compris qu'il n'y a plus de zone sûre pour eux dans le pourtour d’Israël ?"

Cependant, un palier supplémentaire a quand même été franchi. En ce sens que les Israéliens prennent des risques importants dans leur confrontation avec l'Iran, comme s'ils étaient en train de tester jusqu'à quel point ils peuvent aller. Ou comme s'ils cherchaient l'escalade avec l'Iran.

Est-ce qu’Israël a franchi une ligne rouge en visant un bâtiment diplomatique iranien en Syrie ?

Je ne crois pas. Peut-être que cela est frappant sur le plan symbolique. Mais des réunions militaires pour préparer des actions militaires contre Israël ne sont pas censées se tenir dans des consulats. Je ne crois donc pas que le statut diplomatique de l’enceinte qui était visée par les Israéliens fasse une véritable différence. Ce n’est pas la première fois que des hauts gradés des Gardiens de la révolution sont ciblés par Israël.

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Quelle peut être la réponse iranienne ?

L'Iran est selon moi assez faible actuellement. Fondamentalement, l'Iran semble redouter un conflit ouvert avec Israël. Et là, ça va être un test très important. Téhéran est sans doute obligé d'apporter une riposte, mais je pense que celle-ci sera de caractère symbolique en évitant de gravir des échelons supplémentaires dans l’escalade, comme cela a été le cas jusqu’à présent, depuis le début du conflit entre Israël et le Hezbollah.

On peut donc s'attendre à une réponse assez limitée, mais personne ne peut avoir de certitude. Le créneau de riposte de l’Iran n'est pas évident. Cela pourrait être, par exemple, de cibler les représentations diplomatiques israéliennes ailleurs dans le monde, ce qui ferait une symétrie avec le fait que ce soit un consulat qui a été touché.

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