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Après l'attentat de Moscou, Poutine admet une attaque "islamiste" mais accuse toujours l'Ukraine

Pour la première fois depuis l'attaque, Vladimir Poutine a imputé lundi l'attentat de Moscou à des "islamistes radicaux", tout en disant se préoccuper principalement d'en connaître les commanditaires et bénéficiaires, et en liant la tragédie aux "attaques contre la Russie" du régime ukrainien et de ses alliés.

Le président russe Vladimir Poutine, à Moscou le 24 mars 2024, rend hommage aux victimes de l'attentat de Moscou, revendiqué par l'organisation État islamique.
Le président russe Vladimir Poutine, à Moscou le 24 mars 2024, rend hommage aux victimes de l'attentat de Moscou, revendiqué par l'organisation État islamique. © Mikhail Metzel, AFP
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Vladimir Poutine a reconnu pour la première, lundi 25 mars, fois que l'attentat près de Moscou, revendiqué il y a trois jours par le groupe jihadiste État islamique (EI), avait été commis par des "islamistes radicaux" – tout en continuant à sous-entendre un lien avec l'Ukraine.

Kiev et les Occidentaux ont vigoureusement démenti toute relation entre les autorités ukrainiennes et les auteurs de cette attaque qui, selon un nouveau bilan annoncé lundi soir, a fait au moins 139 morts et 182 blessés.

Plus de deux ans après son offensive à grande échelle contre Kiev, présentée comme un conflit existentiel, Vladimir Poutine a de nouveau évoqué la théorie d'une implication ukrainienne, qu'il avait déjà mise en avant ce week-end, sans mentionner la piste jihadiste.

"Nous savons que [ce] crime a été commis par des islamistes radicaux ayant une idéologie contre laquelle le monde islamique se bat lui-même depuis des siècles", a-t-il déclaré lors d'une réunion gouvernementale. 

"Ce qui nous intéresse, c'est le commanditaire", a-t-il ajouté, en appelant à une enquête "professionnelle". "Pourquoi les terroristes, après leur crime, ont essayé de partir en Ukraine ? Qui les attendait là-bas ? Ceux qui soutiennent le régime de Kiev ne veulent pas être des complices de la terreur et des soutiens du terrorisme, mais beaucoup de questions se posent", a-t-il dit.

"On se demande à qui cela profite ? Cette atrocité peut être un nouvel épisode de la série de tentatives de ceux qui, depuis 2014, combattent notre pays à travers le régime néonazi de Kiev", a-t-il affirmé. 

"Et les nazis, c'est bien connu, n'ont jamais dédaigné utiliser les méthodes les plus sales et les plus inhumaines pour atteindre leurs objectifs", a-t-il déclaré, reprenant son récit prétendant que l'offensive en Ukraine vise à renverser un "régime néonazi".

"Poutine se parle à nouveau à lui-même, et c'était à nouveau retransmis à la télévision. Et à nouveau, il accuse l'Ukraine. C'est une créature malade et cynique", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son discours du soir quotidien.

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Questions en suspens

Plus tôt, le Kremlin avait refusé de commenter la revendication de l'EI. Trois jours après le drame, de nombreuses questions restent en suspens, notamment sur l'identité et les motivations des quatre principaux suspects.

Ces derniers, dont au moins un est originaire du Tadjikistan, en Asie centrale, ont déjà été placés en détention provisoire jusqu'au 22 mai. Ils encourent une peine de prison à perpétuité. 

Trois autres suspects ont été placés lundi en détention jusqu'à la même date. Selon l'agence de presse Ria Novosti, il s'agit d'un père et de deux de ses fils, dont l'un, né au Tadjikistan, a la nationalité russe.

Les autorités russes avaient annoncé samedi avoir arrêté au total onze personnes.

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Le groupe État islamique, actif dans le Caucase russe et que la Russie combat en Syrie, a revendiqué l'attentat. Mais les autorités russes assurent que les tueurs présumés tentaient de rejoindre le territoire ukrainien après l'attaque.

Kiev a nié tout "lien avec l'incident". Les États-Unis ont également rejeté la version du président russe.

Attaque de 13 minutes

Le nombre des blessés, toutes gravités confondues, atteint 182, a indiqué lundi soir Alexandre Bastrykine, le chef du Comité d'enquête, lors de la réunion gouvernementale avec le président russe.

Selon lui, d'après les premiers éléments de l'enquête, 40 personnes ont été tuées par balles et 45 autres du fait de l'incendie. L'attaque a seulement duré treize minutes, entre 19 h 58 et 20 h 11, heure de la fuite des assaillants, toujours selon Alexandre Bastrykine.

Des allégations de torture visant les suspects arrêtés sont apparues après la parution de vidéos les montrant le visage ensanglanté. Une autre vidéo, dont l'authenticité n'a pas été confirmée, semble montrer l'un des suspects en train se faire sectionner l'oreille au couteau.

Au cours de l'audience des suspects dans un tribunal de Moscou dimanche soir, l'un d'eux avait un bandage blanc à l'oreille tandis qu'un autre est arrivé dans une chaise roulante.   

Une "coopération internationale totale"

L'une des figures de l'opposition russe en exil, Léonid Volkov, a dénoncé lundi une tentative des services de sécurité russes de "détourner l'attention de [leur] impuissance et de [leur] échec" en montrant ces vidéos.

L'attentat survient quelques jours à peine après la réélection de Vladimir Poutine, sans opposition et pour six ans, alors qu'il avait promis la sécurité à ses concitoyens en pleine recrudescence des attaques en provenance d'Ukraine sur le sol russe.

La lutte contre le terrorisme "nécessite une coopération internationale totale", a estimé lundi Dmitri Peskov, mais celle-ci "n'existe pas du tout".

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui assuré avoir proposé à Moscou "une coopération accrue" sur le sujet, précisant que la branche de l'EI "impliquée" dans l'attaque de vendredi avait mené ces derniers mois "plusieurs tentatives" sur le sol français.

Avec AFP et Reuters

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