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Effort de guerre

En Ukraine, une loi envisage d'abaisser l'âge de la mobilisation de 27 à 25 ans

En Ukraine, les règles de mobilisation devraient changer. Un projet de loi qui prévoit notamment l’abaissement de l’âge de la conscription de 27 à 25 ans devrait être examiné jeudi par le Parlement. Près de deux ans après le début de l’invasion russe, il s’agit pour les Ukrainiens de compenser les lourdes pertes humaines sur le terrain.

Des soldats ukrainiens lors d'un exercice d'entraînement dans la région de Tchernigiv le 8 septembre 2023.
Des soldats ukrainiens lors d'un exercice d'entraînement dans la région de Tchernigiv le 8 septembre 2023. © AFP - ANATOLII STEPANOAnatolii Stepanov
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Pour continuer à affronter l'armée russe, l'Ukraine a besoin d'augmenter le nombre de ses soldats. La Rada, le parlement ukrainien, devrait examiner jeudi 11 janvier en première lecture un projet de loi qui fixe de nouvelles règles de mobilisation.

Le président Volodymyr Zelensky a déclaré le 19 décembre que l'armée ukrainienne réclamait la mobilisation de "450 000 à 500 000 personnes" supplémentaires face aux quelque 600 000 soldats russe positionnés dans le pays. Mais le dirigeant a aussitôt précisé qu'il avait besoin d'entendre "davantage d'arguments" pour trancher. Le sujet est explosif dans un pays épuisé par la guerre et qui entre en février dans sa troisième année de résistance face à l'envahisseur russe. Pour l'instant, il s'agit d'élargir la mobilisation qui reste partielle.

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La mesure la plus emblématique du texte prévoit d'abaisser l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans. Le service sera désormais restreint à 36 mois alors qu'il est actuellement illimité. Les étudiants resteront toujours exemptés.

L'Ukraine cherche à attirer sa population dans les rangs de l'armée
L'Ukraine cherche à attirer sa population dans les rangs de l'armée © France24

Compenser des pertes humaines 

Depuis le début du conflit, l'Ukraine tente de préserver sa jeunesse. "Actuellement, les moins de 27 ans ne peuvent s'engager que comme volontaires. Il s'agit de donner la possibilité aux jeunes d'avoir des enfants avant d'être envoyés au combat", explique l'historienne franco-russe Galia Ackerman. Kiev comme Moscou gardent le silence sur leurs pertes militaires. Mais selon les estimations américaines publiées en août par le New York Times, l'armée ukrainienne, composée d'environ 850 000 hommes, compte près de 70 000 morts et jusqu'à 120 000 blessés au combat.

"Les pertes humaines sont lourdes, même si elles sont difficiles à estimer. Du côté ukrainien, il faut remobiliser pour obtenir les effectifs dont l'armée a besoin ne serait-ce que pour tenir les positions", explique Dominique Trinquand, général et spécialiste des relations internationales. D'autant plus que, pour des raisons démographiques, les Russes disposent d'un réservoir de recrues plus important que les Ukrainiens. Le 1er décembre 2022, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret ordonnant l'augmentation du nombre de soldats dans l'armée de 15 %, soit près de 170 000 hommes supplémentaires.

Du côté ukrainien, réduire la conscription de 27 à 25 ans permettrait de recruter 20 000 soldats supplémentaires, a expliqué Elsa Vidal, la rédactrice en chef de la rédaction en langue russe de RFI, sur France Culture.

Si la loi est adoptée, le profil des combattants sera rajeuni : actuellement, le soldat ukrainien moyen a 43 ans. "La relève se fait attendre. Et cela pose problème parce que la guerre devient longue. Depuis presque deux ans, mois après mois, les soldats sont sur la ligne de front. Il faut bien trouver une parade", commente Thibault Fouillet, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste des conflits contemporains.

L'arrivée de ces nouvelles recrues est très attendue par des troupes usées. "Chez les combattants mobilisés volontairement ou non au début de la guerre, un sentiment d'injustice s'est développé par rapport aux civils qui échappent à l'enrôlement, a expliqué Ioulia Shukan, spécialiste de l'Ukraine, maîtresse de conférences en études slaves à l'Université Paris Nanterre, dans le quotidien la Croix, le 27 décembre dernier. Leur revendication, portée notamment par leurs familles, s'est cristallisée autour de la question de la relève et de la possibilité d'être démobilisé."   

Un dossier militaire électronique pour chaque Ukrainien

Autre objectif de la loi : simplifier les procédures d'enrôlement et rendre la sélection moins opaque. "Le contrôle des bureaux de recrutement serait accru pour éviter les enrôlement forcés qui sont souvent dénoncée par la presse ukrainienne. Il s'agit aussi de mieux contrôler les exemptions, notamment médicales, qui ne sont pas toujours justifiées", explique Thibault Fouillet.

Les réfractaires à la mobilisation se verraient imposer des restrictions en matière de permis de conduire et l'interdiction de transactions immobilières.

L'objectif est aussi de moderniser le système, en créant notamment un dossier militaire électronique pour chaque Ukrainien. Selon le site d'information Polemyka, repris par Courrier International, l'Ukraine développe le recrutement numérique dans les forces armées. La prochaine campagne de mobilisation "aura également pour objectif la recherche d'opérateurs de drones". Selon le vice-Premier ministre chargé de la transformation numérique, Mykhaïlo Fedorov, "les drones seront la priorité. Nous avons déjà lancé quelques tests avec certaines brigades, afin de recruter de façon ciblée des pilotes opérateurs pour les compagnies de drones d'attaque." L'Ukraine continue de se préparer à une guerre longue.

Avec AFP

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