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Le Soudan toujours marqué par des affrontements, la trêve prolongée

Malgré la fragile trêve – qui a été prolongée dimanche soir –, les violents affrontements entre l'armée soudanaise et les paramilitaires se poursuivent à Khartoum. Face à une situation "sans précédent", l'ONU a décidé d'envoyer "immédiatement" un haut responsable dans la région.

Le marché d’El-Geneina, la capitale du Darfour-Ouest, au Soudan, le 29 avril 2023.
Le marché d’El-Geneina, la capitale du Darfour-Ouest, au Soudan, le 29 avril 2023. © AFP
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Les violents combats se poursuivent à Khartoum, alors que l'armée soudanaise et les paramilitaires annoncent dimanche 30 avril la prolongation d'une trêve peu respectée mais qui a permis les évacuations d'étrangers ainsi que la poursuite de négociations.

Des millions de Soudanais restent pris au piège des bombardements et des tirs depuis le déclenchement, le 15 avril, d'une impitoyable guerre de pouvoir entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et son numéro deux, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide (FSR), des paramilitaires particulièrement redoutés.

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La situation est "sans précédent", a estimé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, qui a décidé d'envoyer "immédiatement" dans la région son responsable pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths.

Ce dernier a déclaré, dans un communiqué séparé, que la "situation humanitaire atteint un point de rupture" dans le pays. "Je suis en route dans la région afin d'étudier comment nous pouvons apporter une aide immédiate aux millions de personnes dont la vie a basculé du jour au lendemain."

Le pillage massif des bureaux et des entrepôts humanitaires a "épuisé la plupart de nos stocks. Nous cherchons des moyens rapides pour acheminer et distribuer" des provisions supplémentaires, a expliqué Martin Griffiths, pour qui la "solution évidente" est de "cesser le combat".

Pénuries d'eau, de nourriture et d'électricité

Quelques heures avant l'expiration dimanche à minuit (22 h GMT) d'un cessez-le-feu de trois jours, les deux rivaux ont fait état de sa prolongation, conclue "sous médiation des États-Unis et de l'Arabie saoudite", a précisé l'armée soudanaise.

La guerre a fait 528 morts et 4 599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués. Les deux camps s'accusent mutuellement de violer la trêve.

Dimanche soir, les combats se poursuivaient et les avions de chasse continuaient de survoler Khartoum et Omdourman, sa banlieue nord, selon des témoins sur place. "Il y a de très violents combats et des coups de feu", rapporte un témoin à l'AFP.

Alors que les combats entrent dans leur troisième semaine, les habitants de la capitale, quand ils ne fuient pas, restent barricadés, essayant de survivre malgré les pénuries de nourriture, d'eau et d'électricité.

Les autorités de Khartoum ont donné "congé jusqu'à nouvel ordre" aux fonctionnaires de la capitale, tandis que la police assure se déployer dans la ville pour prévenir les pillages.

Un premier avion chargé de huit tonnes d'aide et qui devrait permettre de soigner 1 500 personnes a atterri dimanche à Port-Soudan, à 850 km à l'est de Khartoum, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Le Caire appelle à une réunion de la Ligue arabe

La plupart des hôpitaux du pays sont hors service. Pour ceux fonctionnant encore, "la situation est intenable" car le matériel manque, affirme à l'AFP Majzoub Saad Ibrahim, médecin à Ad-Damir, au nord de Khartoum.

Selon l'ONU, 75 000 personnes sont déplacées à l'intérieur du pays. Au moins 20 000 ont fui vers le Tchad, 6 000 vers la Centrafrique et des milliers d'autres vers le Soudan du Sud et l'Éthiopie. Au total, jusqu'à 270 000 personnes pourraient fuir les combats qui touchent 12 des 18 États composant ce pays de 45 millions d'habitants, l'un des plus pauvres au monde.

Plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne et les États-Unis, ont évacué leurs ressortissants et d'autres étrangers. Le Canada a toutefois mis fin à ses évacuations "en raison des conditions dangereuses".

Sur le front diplomatique, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, a reçu dimanche un émissaire du général Burhane. Et l'Égypte voisine a appelé à une réunion de la Ligue arabe lundi pour "discuter du Soudan".

Pour les experts du Carnegie Middle East Center, le général Daglo cherche à gagner du temps : "Plus il pourra tenir longtemps ses positions à Khartoum, plus grand sera son poids à la table des négociations."

"Terrible" situation au Darfour

Selon l'ONU, une centaine de personnes ont été tuées depuis lundi au Darfour-Ouest, une région marquée par la sanglante guerre civile des années 2000. Le chef de l'ONU a mis en garde contre une situation "terrible" avec "des tribus qui essaient désormais de s'armer".

Alors que le drame humanitaire s'aggrave, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a arrêté "la quasi-totalité de (ses) activités" à cause des violences.

À la tête des miliciens janjawids, le général Daglo, dit "Hemedti", avait mené la politique de la terre brûlée au Darfour, sur ordre d'Omar el-Béchir, l'ancien dictateur renversé en 2019 par la rue.

La guerre déclenchée en 2003 avait fait environ 300 000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU. Depuis, les Janjawid ont officiellement donné naissance en 2013 aux FSR, supplétif paramilitaire de l'armée.

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Aujourd'hui rivaux, les généraux Burhane et Daglo avaient pourtant fait front commun lors du putsch de 2021 pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute d'Omar el-Béchir. Mais des divergences sont ensuite apparues et, faute d'accord sur l'intégration des FSR dans l'armée, ont dégénéré en guerre ouverte.

Avec AFP

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