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Lithium : l'Europe se lance dans la course

Le lithium provient en grande majorité d’Asie, d’Australie et d’Amérique du Sud.
Le lithium provient en grande majorité d’Asie, d’Australie et d’Amérique du Sud. © France 24

Le lithium est aujourd'hui une ressource cruciale, élément de base pour fabriquer notamment les batteries des voitures électriques. Mais l'Europe n’a aujourd’hui aucun site d’extraction, aucune raffinerie sur son sol. Peut-elle s'affranchir de sa dépendance et s'approvisionner localement ?

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L'année 2035 va complètement changer la donne. À cette date, plus aucune voiture neuve à essence ne sera mise sur le marché en Europe. Les voitures électriques deviendront la norme, alimentées par des batteries contenant en moyenne 10 kg de lithium chacune.

La demande pour ce métal va donc s'envoler. Il va falloir multiplier la production par quarante dans le monde d’ici à 2040 pour suivre la cadence. Aujourd’hui, seuls quatre pays concentrent la quasi-totalité de la production. Il s'agit de l'Australie, du Chili, de la Chine et de l'Argentine. L’Europe a bien du lithium dans son sol, mais elle n’extrait quasiment rien pour l’instant. Le Portugal est potentiellement le pays le plus riche en lithium du continent, avec plus de 60 millions de tonnes.

>> À voir aussi, notre Focus : "Au Portugal, bras de fer autour d'un projet de mine de lithium"

Des mines de lithium en France ?

La France, qui a aussi du potentiel, se lance dans la course. Elle planifie l’ouverture d’une mine à Échassières, dans l’Allier, en 2028. Le groupe Imerys va utiliser une mine de kaolin, qui renferme également du lithium. L’objectif affiché est de produire 34 000 tonnes de ce minerai, soit les besoins pour la production de 700 000 véhicules électriques.

Le groupe avance des arguments écologiques. "Nous avons imaginé une mine entièrement souterraine", explique Alan Parte, vice-président projet lithium chez Imerys. "Tout ça pourquoi ? Pour limiter l’impact en surface, non seulement sur les milieux environnants pour limiter les nuisances sonores, pour limiter les poussières et pour limiter, bien sûr, l’impact sur la biodiversité."

La difficile acceptabilité des mines

L’acceptabilité des mines, rémanences d’une époque révolue dans l’esprit de beaucoup d’Européens, représente l’un des plus gros obstacles au développement du lithium en Europe. En Serbie, un projet colossal a notamment tourné court devant l’opposition des riverains.

À Échassières, les habitants proches de la future mine de lithium française s’inquiètent. Xavier Thabarant fait partie du collectif Préservons la forêt des Colettes, dont le slogan est "Lithium non merci !". Il explique : "On va faire cette mine pour 20-25 ans, peut-être 30 ans. Tout ça pour récupérer du lithium pour faire quelques batteries. Dans 50 ans, il n’en restera plus rien. Mais nous, ici, dans notre forêt, tout aura été dévasté." La transition écologique, oui, mais pas au prix de la destruction de la nature, selon lui. "Je sais qu’aujourd’hui, on va avoir besoin de nouvelles énergies. Mais je pense qu’il y a d’autres solutions. Le tout-électrique est une erreur, une utopie à court terme", conclut-il.

Un savoir-faire à acquérir, et vite !

Pour gagner en autonomie, extraire du lithium ne suffira pas. Encore faudra-t-il fabriquer des batteries. Et pour l’instant, en Europe, le savoir-faire n’est pas là. Pour y remédier, l'entreprise française Automotive Cells Company (ACC) a été créée. Sorte d’Airbus de la batterie, elle est le fruit d’une alliance entre géants : Total, Stellantis (ex-groupe PSA) et Mercedes.

Pour l’instant, le projet en est au stade de l’usine pilote, située dans la banlieue d’Angoulême. D’ici novembre 2023, le groupe doit ouvrir trois "gigafactories", des usines dédiées à la production de batteries en masse, notamment dans le Pas-de-Calais. "L’objectif d’ACC est de devenir un leader européen de la conception et de la fabrication de batteries pour véhicules électriques", souligne Matthieu Hubert, le secrétaire général. "Il s’agit maintenant de rattraper un retard [sur l’Asie, NDLR] assez conséquent mais nous pensons être armés pour le faire."

Des batteries sans lithium ?

Le lithium ne fait pas partie des métaux rares, mais les réserves mondiales ne sont pas infinies. Selon certaines estimations, le monde pourrait en manquer d'ici la fin du siècle. Certains chercheurs se penchent donc déjà sur ce qui pourrait devenir la batterie du futur, une batterie sans lithium. À Amiens, Mathieu Morcrette, directeur du Hub de l'énergie, travaille sur la batterie sodium-ion. Le sodium, très abondant, pourrait être envisagé comme le remplaçant parfait du lithium.

En revanche, jamais une batterie sodium-ion n’atteindra les performances du lithium-ion en termes d’énergie. "On pourrait prendre la comparaison avec l’athlétisme", explique le chercheur. "Le lithium-ion, c’est le marathonien qui permet de franchir de grandes distances, alors que nos batteries sodium-ion, c’est plutôt le sprinter qui permet de franchir de petites distances, mais à très grande vitesse."

Autrement dit, l’autonomie du sodium-ion n’arrivera jamais à égaler celle du lithium-ion à masse équivalente de batterie. Mais ces batteries se rechargeant très vite, elles seraient adaptées pour des courtes distances, le fameux "dernier kilomètre" des livraisons de colis. Mathieu Morcrette met les points sur les "i" : "Si les gens veulent absolument 500 km d’autonomie, on n’y arrivera jamais. La batterie sodium-ion, ça veut dire recharger plus souvent pour aller en vacances. Mais est-ce vraiment grave ?", conclut-il dans un sourire.

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