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Pérou : sous pression de la rue, la présidente Dina Boluarte annonce l'avancée des élections

La présidente péruvienne Dina Boluarte a annoncé, lundi, présenter un projet de loi afin d'avancer les élections générales de 2026 à 2024. De nouvelles manifestations ont éclaté la veille pour dénoncer la prise du pouvoir par la vice-présidente, suite à l'arrestation de son prédécesseur, Pedro Castillo. Les violences ont fait au moins deux morts et cinq blessés. 

Des manifestants demandant la dissolution du Parlement sont dispersés par des gaz lacrymogènes à Lima, au Pérou, le 11 décembre.
Des manifestants demandant la dissolution du Parlement sont dispersés par des gaz lacrymogènes à Lima, au Pérou, le 11 décembre. © Alessandro Cinque, Reuters
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Au Pérou, le mécontentement ne cesse de grandir. La présidente Dina Boluarte a annoncé, dans un message télévisé dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 décembre, qu'elle allait présenter un projet de loi visant à avancer les élections de 2026 à avril 2024, alors que le pays est secoué par de violentes manifestations.

Deux personnes sont mortes et cinq personnes au moins ont été blessées, dimanche, alors que la contestation grandit contre la présidente du Pérou, après le coup d'État manqué et l'arrestation de l'ancien président Pedro Castillo.

Disant comprendre la "volonté des citoyens", Dina Boluarte a dit avoir "décidé de prendre l'initiative d'un accord (...) pour avancer les élections générales à avril 2024". Elle a également annoncé la déclaration de l'état d'urgence dans les zones les plus affectées par les manifestations : "J'ai donné des instructions pour reprendre le contrôle de l'ordre interne et des droits fondamentaux des citoyens".

Signe de la tension qui monte : une séance au Congrès sur la situation dans le pays a été suspendue, dimanche, après des incidents. Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent un homme donner un coup de poing par derrière à un autre dans une allée de l'hémicycle puis une bousculade au centre de celle-ci. 

Les protestations se sont multipliées à travers le pays, notamment dans les villes du nord et des Andes. Des milliers de personnes se sont mobilisées dans les rues de Cajamarca, Arequipa, Tacna, Andahuaylas, Cusco et Puno, réclamant la libération de l'ancien chef de l'État et de nouvelles élections et appelant à une grève nationale.

"Nous regrettons la mort de deux personnes et plusieurs blessés dans des affrontements. J'exhorte la population à rester calme", a déclaré le ministre de l'Intérieur, César Cervantes, à la radio RPP, peu après un premier bilan de la police faisant état d'une morte - une adolescente - et cinq blessés. 

"La vie d'aucun Péruvien ne mérite d'être sacrifiée pour des intérêts politiques. Je réitère mon appel au dialogue et à la renonciation à la violence", a lancé madame Boluarte sur Twitter.

"Rats corrompus"

La veille, des affrontements à Andahuaylas (sud) s'étaient soldés par un bilan de 20 blessés (16 civils et 4 policiers). Les violences ont repris, dimanche, avec des tirs de gaz lacrymogène de la police et des jets de pierre de manifestants qui ont notamment tenté de prendre l'aéroport de cette ville.  

Des renforts de police anti-émeute devaient arriver par avion pour contenir les manifestations, a-t-on appris auprès de la police. Andahuaylas, située dans la région d'Apurimac, est la région d'origine de madame Boluarte, qualifiée de "traîtresse" par les partisans de l'ex-président destitué. Le poste de police de Huancabamba, une ville d'Apurimac, a été incendié, selon la radio RPP.

À Lima, entre 1 000 et 2 000 personnes manifestaient devant le Congrès aux cris de "Castillo tu n'es pas seul, le peuple te soutient" et brandissant des pancartes accusant "Dina (Boluarte) et le Congrès" d'être des "rats corrompus".  Lima a toujours tourné le dos à monsieur Castillo, enseignant rural et leader syndical déconnecté des élites, tandis qu'il était soutenu par les régions andines depuis les élections de 2021.

Des syndicats agraires et organisations sociales paysannes et indigènes ont appelé, dimanche, à une "grève indéfinie" à partir de mardi, rejetant le Congrès et demandant des élections anticipées et une nouvelle constitution.

Selon le communiqué du Front agraire et rural du Pérou, qui demande la "libération immédiate" de monsieur Castillo, celui-ci "n'a pas perpétré de coup d'État" lorsqu'il a tenté, le 7 décembre, de dissoudre le Parlement et d'instaurer un état d'urgence.

Il a été arrêté quelques heures plus tard par son propre garde du corps alors qu'il se rendait à l'ambassade du Mexique pour demander l'asile politique. Il est accusé de "rébellion".

Lettre de prison et théorie du complot

Madame Boluarte, vice-présidente jusqu'à son investiture le 7 décembre après la destitution de Castillo, a formé, samedi, un gouvernement au profil indépendant et technique, avec un ancien procureur, Pedro Angulo, comme Premier ministre. Vendredi, madame Boluarte n'avait pas exclu de convoquer des élections anticipées afin de trouver une sortie pacifique à la crise politique.

La demande de nouvelles élections est associée à un rejet massif du Congrès : selon les sondages de novembre, 86 % des Péruviens désapprouvent le Parlement.

Parallèlement, la théorie, avancée par l'ancien chef de cabinet et l'avocat de Castillo selon laquelle l'ancien président a été drogué à son insu lors de sa tentative de coup d'État ratée, passionne le pays.

Dans une lettre que Castillo aurait écrite en prison, celui-ci assure qu'un médecin et des infirmières "camouflés" et un procureur "sans visage" (cagoulé) l'ont "forcé" à faire des prélèvements sanguins sans son consentement, évoquant un "plan machiavélique". Le président de l'Institut de médecine légale, Francisco Brizuela, a lui indiqué que l'ex-président avait "refusé de se soumettre" aux tests.

Avec AFP

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