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Peau humaine : le recyclage ultime ?

Genoskin a développé une méthode pour maintenir la peau humaine en vie pendant sept jours, ce qui permet de tester des produits.
Genoskin a développé une méthode pour maintenir la peau humaine en vie pendant sept jours, ce qui permet de tester des produits. © France 24

Ce que vous avalez pour vous soigner, ce qu'on vous injecte, tout a été testé sur des animaux de laboratoire. Aujourd'hui, des alternatives plus éthiques, voire plus écologiques, existent. Mais peut-on vraiment sortir du modèle animal ? 

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C'est un seau qu'on apporte ce matin chez Genoskin, en provenance de l'hôpital de Toulouse voisin. À l'intérieur, un épais morceau de peau, celui d'une patiente de 44 ans, tout juste opérée. Après un régime, l'excédent de peau au niveau de l'abdomen a été retiré. "Ça fait partie de déchets chirurgicaux qui sont normalement voués à être détruits", explique Éric Merle, directeur commercial de Genoskin. L'entreprise a développé une méthode pour maintenir ces tissus en vie pendant sept jours, ce qui permet de tester des produits. "On n'a qu'un petit morceau de peau, mais ce morceau de peau contient déjà une masse phénoménale de type de cellules (...) On peut regarder le système immunitaire, la cicatrisation, la façon dont la peau modifie un médicament, on peut regarder si le médicament se diffuse dans la peau." Autant d'informations qui sont habituellement obtenues en testant les produits sur les animaux, ce que la loi européenne interdit depuis 2013 pour les cosmétiques.

Des tests sur les animaux très contrôlés

Chaque année, près de 10 millions d'animaux sont utilisés en laboratoire pour la recherche et la toxicologie, en grande majorité des rats, des souris, des lapins et des chiens. Une série de tests standard nécessite entre 6 000 et 12 000 animaux et peut prendre des années. Mais depuis les années 1990, de gros efforts sont faits, en suivant un principe simple, les "3 R" : "remplacer" l'utilisation d'animaux par d'autres méthodes, "réduire" le nombre d'animaux utilisés et enfin, "raffiner" les procédures pour rendre les études moins douloureuses ou stressantes pour les animaux.

L'équipe d'"Élement Terre" a ainsi pu filmer dans une animalerie à Marseille, là où l'on teste des médicaments sur des souris de laboratoire, des rongeurs génétiquement modifiés pour la recherche. "Chaque fois qu'on va développer un médicament qu'on destine à l'homme, on est obligé d'avoir recours à l'expérimentation animale. D'ailleurs, si on reprend la liste des lauréats du Nobel de médecine et de physiologie depuis le début du siècle, l'immense majorité des prix Nobel sont reliés à l'utilisation de modèles animaux", nous explique Ivan Balansard, vétérinaire, au bureau Éthique et modèles animaux du CNRS.

Des animaux, dont la souffrance est mesurée, limitée au maximum et qui reçoivent les mêmes anesthésies que pour une chirurgie humaine.

Les remplacer progressivement, quand c'est possible, par d'autres méthodes (modélisation par ordinateurs, mini-organoïdes, peau artificielles, par exemple) est d'ailleurs une obligation légale.

Ce qui fait dire à Ivan Balansard : "Genoskin est un processus extrêmement ingénieux, ça représente des avancées considérables et c'est très important". Avec un bémol de taille : la peau est un organe parmi d'autres et une pathologie touche souvent plusieurs organes. "Si vous prenez par exemple l'étude du mélanome. C'est une maladie très complexe, qui fait appel à une défaillance du système immunitaire, à de nombreux médiateurs qui sont en dehors de la peau, qui sont les nœuds lymphatiques, qui sont à d'autres endroits. Quand un mélanome va par exemple métastaser dans le foie ou dans d'autres organes, bien entendu à ce moment-là le modèle de peau ne suffira pas."  Difficile donc de se passer totalement du modèle animal à l'avenir.

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