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MAROC

Au Maroc, une oasis luxuriante réduite à l’état de décharge sauvage

Photos de l'oasis prises par notre Observateur.
Photos de l'oasis prises par notre Observateur.
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Dans une vallée au centre du Maroc, l’oasis de Targua N'Touchka est laissée à l’abandon, transformée à certains endroits en décharge sauvage. Ses paysages, ses bâtiments coloniaux et ses sources d’eau pourraient, selon notre Observateur, attirer de nombreux touristes. Mais il estime que les autorités locales se sont désinvesties du travail qui leur revient.

Présentée sur le site du Conseil Régional du Tourisme d’Agadir comme "un pittoresque village traditionnel, perché dans la montagne, où se pratique l'agriculture biologique", l’oasis de Targua N’Touchka est située au centre du Maroc, à une centaine de kilomètres d’Agadir. Selon le recensement de 2004, la commune comptait 6552 habitants répartis dans 1244 ménages.

Mais les décharges sauvages et l’abandon du souk traditionnel viennent défigurer ce paysage selon notre Observateur. Originaire de cette localité et résidant permanent depuis deux ans, Lahoucine Boufoullous, 49 ans, a documenté ce "gâchis" en vidéo.

 

"Paysages somptueux, nature luxuriante, sources d’eau, le potentiel touristique énorme de l’oasis est gâché"

Le douar [petit village ou groupement d'habitations rurales, NDLR] de Targua N’Touchka est très étendu, les habitants sont éparpillés dans un grand nombre de petits villages et hameaux dans les montagnes. Une bonne partie d’entre eux se réunit tous les dimanches au souk pour faire les courses. Il est situé au cœur de l’oasis, dans la vallée. Le reste de la semaine, nous sommes une vingtaine maximum à y habiter.

Le premier problème qui touche ce magnifique endroit est la mauvaise gestion des déchets. Parce qu’il n’y a que trois poubelles dans le souk, les habitants jettent leurs déchets n’importe où. Ceux-ci se retrouvent dans la rivière et polluent l’eau.

Ces dernières années, on a pu voir la multiplication des emballages individuels en plastique, qui n’existaient pas avant. Par ailleurs, vu qu’il n’y a pas de toilettes publiques dans le souk, les clients font leurs besoins au bord de l’eau. Certains viennent y faire leur toilette, la vaisselle ou la lessive, déversant des savons et détergents dans l’eau.

Compte tenu de cette situation sanitaire, il me semble ironique de prétendre que l’agriculture pratiquée dans l’oasis est "biologique" [comme indiqué sur le site du Conseil Régional du Tourisme d’Agadir, NDLR] quand on sait que cette eau sert à irriguer les champs.

 

"La plupart de l’oasis est réduite à l’état de friche"

Les champs étaient autrefois prolifiques, avec des cultures abondantes de bananes, olives, dattes et légumes. Aujourd’hui, à cause de l’exode rural et du sanglier qui ravage les potagers, la plupart de l’oasis est réduite à l’état de friche.

Quelques potagers qui restent entretenus dans l'oasis.

 

L’oasis est alimentée en eau par trois sources. L’une d’elle aurait, selon les habitants, des vertus pour lutter contre les calculs rénaux [aucune analyse scientifique n’a été faite pour le prouver, NDLR]. Mais cette source est aussi un endroit où les jeunes filles viennent traditionnellement jeter une pierre et un sous-vêtement dans l’espoir de trouver un mari.

On trouve donc de nombreux vêtements en train de stagner dans l’eau. Par ailleurs, elles viennent faire ce "rituel" en famille autour d’un pique-nique, ce qui engendre également un nombre important de déchets.

Tous ces problèmes gâchent le potentiel touristique énorme de l’oasis : paysages somptueux, nature luxuriante, sources d’eau, charmants bâtiments anciens de l’époque coloniale. Les croyants pourraient aussi être attirés par la dimension spirituelle du lieu, puisque l’oasis est connue pour abriter 77 walis Aït Bouchwar, des sortes de saints, d’anciens ermites pieux qui veilleraient sur l’oasis.

 

Pour notre Observateur, ces problèmes sont pris à la légère par les autorités locales, qui ont lancé un nombre insuffisant de projets de développement. Selon lui, certaines infrastructures "inutiles" ou "inutilisées" ont été construites au détriment de systèmes d’assainissement de base. Il cite par exemple un système de traitement des eaux usées inutilisé, ou une unité de distillation de plantes aromatiques à l’abandon.

 

"Ce sont les habitants qui jettent ces déchets"

Interrogé par la rédaction des Observateurs de France 24, le président de la commune Abdallah Bohchmod estime que les problèmes mentionnés ne sont pas dignes d’une telle préoccupation.

 

J’estime qu’il n’y a pas de véritable problème de déchets à Targua N’Touchka, contrairement aux grandes villes comme Casablanca. Les déchets sont peu nombreux et ne s’entassent qu’une fois par semaine, le dimanche, au moment du marché. Ensuite nous nous occupons du nettoyage. Je ne dis pas que notre ville est 100% propre, mais ça n’est pas non plus catastrophique. Par ailleurs, j’estime que les déchets sont du ressort des individus également. Ce sont les habitants qui jettent ces déchets, ce n’est pas nécessairement l’entière responsabilité de la commune.

Cet article a été écrit par Liselotte Mas (@liselottemas).

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