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VENEZUELA

Venezuela : pourquoi Nicolas Maduro accuse la Colombie de vouloir l'assassiner

Le président vénézuélien a accusé la Colombie d'être "derrière" ce qu’il qualifie d’un attentat commis contre lui, le 4 août, à Caracas. Une accusation qui vient envenimer un peu plus les relations historiquement tendues entre les deux voisins.

Le président Maduro, au pourvoir au Venezuela depuis 2013.
Le président Maduro, au pourvoir au Venezuela depuis 2013. Federico Parra, AFP
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Le président vénézuélien, Nicolás Maduro, en est certain, "le nom du président colombien Juan Manuel Santos est derrière l'attentat", dont il dit avoir été la cible, samedi 4 août, à Caracas.

Alors qu’un obscur groupe rebelle a revendiqué l'action, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, il a pointé, presque sans surprise, un doigt accusateur vers Bogota. Sans tarder, le gouvernement colombien a répliqué en dénonçant des accusations absurdes et sans fondement.

Deux pays voisins, deux idéologies antagonistes

"Les deux nations partagent des relations très complexes, et les Colombiens ont l’habitude d’entendre le pouvoir vénézuélien accuser leur pays de tous les maux, explique à France 24 Pascal Drouhaud, vice-président de l'Institut Choiseul, spécialiste de l'Amérique Latine. Dès que quelque chose tourne mal au Venezuela, pour Caracas, c’est la faute de la Colombie".

Les deux pays voisins, gouvernés par deux idéologies antagonistes, le socialo-chavisme au Venezuela et le capitalisme en Colombie, dirigés par des présidents de droite, entretiennent des rapports exécrables depuis près d’une décennie. Réelu en 2018, le successeur d’Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, accuse régulièrement le président colombien d'être "à la solde de l'impérialisme américain".  Ce dernier cédera d'ailleurs la place à son successeur Ivan Duque le 7 août, bien plus à droite sur l’échiquier politique local.

"Au-delà de la rivalité personnelle entre Nicolás Maduro et Juan Manuel Santos, qui s’invectivent fréquemment, les deux voisins entretiennent des relations historiquement tendues depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez en 1999, rappelle Pascale Mariani, correspondante de France 24 en Colombie. Quand Bogota accuse son voisin d’abriter des guérilleros colombiens, Caracas réplique en dénonçant l’envoi de paramilitaires colombiens sur son sol. Et régulièrement, les crises diplomatiques entre les deux pays atteignent des sommets, au point de déboucher sur la fermeture de la frontière qui les séparent".

"Pour expliquer cette tension, il existe en plus un facteur aggravant aux yeux du pouvoir vénézuélien, qui perçoit Juan Manuel Santos, ancien ministre de la Défense, comme un chef de guerre : l’alliance entre Bogota et Washington qui fait de la Colombie le grand allié des Américains dans la région", poursuit la correspondante.

Depuis plus d’un an, la Colombie affirme avoir accueilli plus d’un million de réfugiés vénézuéliens fuyant une situation politico-économique exsangue, et des opposants de Nicolás Maduro, dont la plus célèbre d’entre eux, la dissidente Luisa Ortega, ex-procureure générale du Venezuela. De son côté, le président vénézuélien affirme le contraire : près 1,2 million de Colombiens ont fui "la pauvreté, la misère et la guerre en Colombie, pendant le mandat de Juan Manuel Santos", vers son pays.

"Nous sommes implacables avec ce pays"

Ce dernier n’a jamais caché tenir en mésestime son homologue vénézuélien, et indiqué "espérer" sa chute. Interrogé le 30 juin par l’AFP, Juan Manuel Santos a affirmé que "l’effondrement du régime" du président Nicolás Maduro était "proche".

Dans un entretien accordé à France 24, début juillet, le président colombien, prix Nobel de la paix, avait expliqué que la question des tensions avec le Venezuela est l’un des problèmes les plus graves que connaissait la Colombie. "Nous sommes implacables avec ce pays : le plus riche d’Amérique latine, il détient les plus grandes réserves de pétrole devant l’Arabie saoudite, fait face à la faim et à des pénuries de médicaments, à cause d’un régime qui ne respecte aucun droit de l’Homme et qui entretient une négation kafkaïenne de la réalité, avait-il indiqué. C’est pour cela que nous exerçons des pressions, pour que la communauté internationale encourage un changement au Venezuela, pour les Vénézuéliens, mais aussi pour la Colombie, qui est le pays qui souffre le plus de cette situation et qui a consenti des efforts considérables pour accueillir près d’un million de Vénézuéliens".

Accusé de dérive autoritaire par l'opposition vénézuélienne, Nicolás Maduro, pour sa part, dénonce lors de chacun de ses discours une offensive mondiale menée contre son pays. Au cours d’un entretien exclusif accordé à France 24, quelques jours avant la présidentielle du 20 mai, le dirigeant chaviste avait accusé la Colombie de faire partie "d’une campagne permanente contre le Venezuela".

La tension ne risque pas de retomber après l’investiture d’Ivan Duque, le président élu colombien, qui avait promis, peu après sa victoire, de faire pression pour que "le Venezuela effectue une transition vers des élections libres", qualifiant de "dictature" le pouvoir de Nicolás Maduro.

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