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ÉTATS-UNIS

États-Unis : de l'ONU à Melania Trump, tollé contre la séparation des familles de migrants

"Inadmissible" et "cruel" selon l'ONU, la séparation des enfants de leurs parents sans-papiers à la frontière mexicaine provoque un tollé. Melania Trump appelle à "gouverner avec cœur" et à un accord bipartisan au Congrès.

Une fillette hondurienne âgée de 2 ans se voit retirer ses lacets de chaussures à la frontière mexicaine, le 12 juin 2018, à McAllen, Texas.
Une fillette hondurienne âgée de 2 ans se voit retirer ses lacets de chaussures à la frontière mexicaine, le 12 juin 2018, à McAllen, Texas. John Moore, Getty Images North America, AFP
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Aux États-Unis, il n'y a pas que les élus démocrates pour fustiger la "diabolique" séparation des enfants de leurs parents sans-papiers, devenue pratique courante à la frontière mexicaine depuis la mi-avril et la mise en œuvre d'une politique de "tolérance zéro". L'ONU s'est emparée du débat, lundi 18 juin. "Penser qu'un État puisse chercher à dissuader des parents en infligeant des mauvais traitements pareils à des enfants est inadmissible", a affirmé le Haut-Commissaire Zeid Ra'ad Al Hussein, en ouvrant une session du Conseil des droits de l'Homme à Genève. Le responsable onusien a appelé l'administration du président Donald Trump à "stopper immédiatement" cette "pratique cruelle".

Même la Première dame américaine Melania Trump tire la sonnette d'alarme, et plaide en faveur d'un accord rapide au Congrès. Dans une rare incursion sur la scène politique, Melania Trump a dit "détester voir des enfants séparés de leur famille et espère que les deux camps du Congrès pourront enfin tomber d'accord pour faire aboutir une réforme réussie de l'immigration", déclaration faite, dimanche 18 mai, par le biais de sa directrice de la communication, Stephanie Grisham, interrogée sur CNN. "Elle pense que nous devons être un pays qui respecte toutes les lois, mais aussi un pays qui gouverne avec cœur."

L'administration américaine a révélé, vendredi 15 juin, que sa nouvelle politique de tolérance zéro à la frontière avec le Mexique avait conduit depuis mi-avril quelque 2 000 enfants à être séparés de leurs parents, arrêtés pour être entrés illégalement aux États-Unis.

Face au tollé, le président Trump a retourné la responsabilité vers les démocrates, les accusant de freiner une vaste réforme sur l'immigration qui patine depuis des mois au Congrès. "Les démocrates peuvent apporter une solution à la séparation forcée des familles à la frontière en travaillant avec les républicains à une nouvelle loi, pour une fois", a-t-il tweeté, samedi.

La Maison Blanche revendique pourtant ouvertement cette politique, sans en nier l'aspect dérangeant. "Personne n'aime voir des bébés arrachés des mains de leur mère", a dit dimanche une proche conseillère de Donald Trump, Kellyanne Conway, sur la chaîne NBC.

Une manifestation baptisée "Families belong together march"  s'est déroulée à Los Angeles, le 14 juin 2018, contre la séparation des enfants de leurs parents sans papiers.
Une manifestation baptisée "Families belong together march" s'est déroulée à Los Angeles, le 14 juin 2018, contre la séparation des enfants de leurs parents sans papiers. Robyn Beck, AFP

"Humanité zéro"

L'opposition démocrate s'est révoltée contre ce qu'elle estime être une manipulation et une politique qui provoque le malaise jusque dans les rangs républicains. "Ils appellent cela 'tolérance zéro' mais un meilleur nom est 'humanité zéro' et il n'y a absolument aucune logique pour cette politique", a déclaré le sénateur Jeff Merkley (Oregon), à la tête d'un groupe d'élus démocrates qui a visité la frontière, ajoutant : "Il est totalement inacceptable (...) de blesser des enfants et de les traumatiser afin d'envoyer un message politique à des adultes d'outre-mer".

Après avoir visité un supermarché transformé pour l'occasion en centre d'accueil pour 1 500 enfants de migrants, Jeff Merkley a affirmé que "blesser des enfants pour s'en servir de levier législatif est inacceptable". "C'est diabolique", a-t-il martelé.

Même ton chez l'ex-président démocrate Bill Clinton, qui a tweeté : "Ces enfants ne doivent pas être utilisés comme un outil de négociation".

Sheila Jackson-Lee, une élue du Texas au Congrès, a accusé le président Trump de mentir lorsqu'il affirme qu'il ne fait que suivre à la lettre les lois en vigueur. "Le président ne dit pas la vérité. Il n'y a pas de loi, il n'y a pas de politique qui permet d'arracher des enfants à leurs familles", a-t-elle affirmé. "Je vous assure que nous allons nous battre jusqu'au bout pour mettre un terme à ce programme hideux qui malmène des enfants et représente un énorme abus à l'encontre des enfants", a-t-elle poursuivi.

L'ex-Première dame Laura Bush a, elle, ouvertement critiqué l'approche républicaine. "J'habite un État frontalier. Je comprends le besoin de renforcer et protéger nos frontières internationales, mais cette politique de la tolérance zéro est cruelle. Et ça me brise le cœur", a écrit Mme Bush, qui vit au Texas, dans un éditorial publié par le Washington Post.

25 milliards de dollars pour construire un mur

Le rythme des séparations s'est nettement accéléré depuis début mai, lorsque le ministre de la Justice Jeff Sessions a annoncé que tous les migrants passant illégalement la frontière seraient arrêtés, qu'ils soient accompagnés de mineurs ou pas. Or les enfants ne peuvent être envoyés dans la prison où sont détenus leurs proches, ce qui conduit aux séparations.

Divisés, les républicains semblent finalement prêts à présenter la semaine prochaine deux propositions de loi : l'une satisfaisant leur aile dure et l'autre tentant de réconcilier modérés et conservateurs mais incluant les demandes de Donald Trump, notamment une enveloppe de 25 milliards de dollars pour construire un mur à la frontière mexicaine.

Ce texte comprendra un amendement s'assurant "que les mineurs accompagnés appréhendés à la frontière ne soient pas séparés de leurs parents", selon une source républicaine.

Avec AFP

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