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FRANCE

France : à la veille de l’élection présidentielle, les politiques s’emparent de YouTube

Les politiques investissent la plate-forme de vidéos en ligne YouTube avant la présidentielle. Dernier en date, Florian Philippot pour le Front national. Jean Massiet, jeune youtubeur politique, commente pour France 24 leurs prestations filmées.

Plusieurs candidats et soutiens de candidats à l'élection présidentielle française ont lancé leurs propres chaînes sur YouTube.
Plusieurs candidats et soutiens de candidats à l'élection présidentielle française ont lancé leurs propres chaînes sur YouTube. Capture écran Youtube
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Lancer sa campagne sur YouTube est un jeu risqué. Après le candidat d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon, et le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, c’est au tour de Florian Philippot, bras droit de la candidate frontiste Marine Le Pen, d’investir la campagne pour l’élection présidentielle française sur la plateforme américaine, en inaugurant, mercredi 11 janvier, sa chaîne dédiée.

"Le décor est trop lisse. Il pose trop, et sa tasse à café est vide" commente Jean Massiet, youtubeur politique de 28 ans qui a fondé la chaîne Accropolis, sur laquelle il décrypte en direct les interventions des politiques et les questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.

Jean Massiet n’est pas le seul à critiquer. Aussitôt publiée, la vidéo de Florian Philippot avec sa tasse à café a reçu une avalanche de commentaires moqueurs, faisant l’objet de nombreux détournements sur les réseaux sociaux sous le hashtag #PhilippotCafé.

Florian Philippot, le cumulard

Sur sa chaîne, l’élu d’extrême droite, soutien de Marine de Le Pen, pose dans ce qu’il présente comme la cafétaria du QG de campagne de sa candidate. Le décor est acidulé, avec une table en formica citron, un frigo vintage, une fausse pompe à essence et une machine Nespresso, qui visiblement n’a pas servi. Anticipant les critiques, lui-même s’en amuse, il surnomme ce lieu la "cafet", en référence à "Hélène et les Garçons", une série télévisée des années 80. Tout en buvant son "faux café", l’élu déroule la programmation de sa chaîne. Il propose d’y dévoiler les "coulisses de la campagne", "ce que vous ne voyez pas", précise-t-il, promettant également la présence d’invités.

"Traditionnellement ceux qui viennent sur YouTube sont ceux qui ne sont jamais invités sur les plateaux télévisés, ce qui n’est pas le cas de Philippot" s’étonne Jean Massiet. Cela n’a pas échappé aux habitués de la plateforme, qui interpellent l’élu dans les commentaires de sa vidéo, lui reprochant de venir sur leur terrain, note le youtubeur.

Et pourtant, ça marche. Avec cette première vidéo, Florian Philippot fait plus de 120 000 vues en à peine deux jours. Un succès qui incombe à la surreprésentation du FN sur le réseau social. Mister JDay, un autre youtubeur en vogue qui s’est amusé à classer, en septembre 2016, les chaînes politiques françaises les plus suivies, révélait que six des douze plus regardées appartenaient à des personnalités du Front national, dont celles de Jean-Marie Le Pen, Gilbert Collard, Marion Maréchal-Le Pen et Marine Le Pen.

Jean-Luc Mélenchon, le plus youtubeur

Dans cette course au clic, d’autres, comme le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ont pris une sérieuse avance. Chaque semaine depuis novembre, les vidéos de sa chaîne éponyme dépassent systématiquement la barre des 100 000 vues.

"Il a beaucoup évolué" explique Jean Massiet. "Au début il faisait très XXe siècle, il plaçait des éléments de langage politique traditionnel. Mais petit à petit, il a commencé à faire part de ses doutes en direct, à exposer l’évolution de sa pensée à sa communauté, là ça a commencé à prendre".

Chez Jean-Luc Mélenchon, le décor change d’une vidéo à l’autre. Tantôt une plante verte un peu désuète, un paravent, toujours une affiche de campagne placardée sur un mur en papier peint blanc. "Il est celui qui a le mieux adopté la culture YouTube : ce décor de bric et de broc, pas de maquillage, un mauvais éclairage, une interview tournée à l’arrache sur le canapé... ce sont les codes cultivés par les youtubeurs pour adopter un côté sincère, car nous avons à cœur de ne pas reproduire la télévision policée de papa", analyse le Jean Massiet.

Avoir sa propre chaîne sur YouTube permet aussi de capter une audience sans le filtre des journalistes, mais pas sans contradicteur pour autant, du moins si on se prête vraiment au jeu. "Les vrais youtubeurs écoutent, échangent, coopèrent et travaillent avec leur communauté afin d’améliorer leurs programmes" explique le jeune homme. Un exercice interactif auquel s’est prêté le candidat de la France insoumise à plusieurs reprises, lors d’une émission appelée FAQ (Foire aux questions).

Benoît Hamon, trop guindé

Du côté des socialistes, en revanche, très peu de candidats à la primaire de la gauche possèdent une chaîne alimentée par des vidéos spécialement conçues. Chez Arnaud Montebourg, il n’y a que quelques archives de discours, et "Made in France" oblige, il a préféré Dailymotion pour héberger sa chaîne, au risque de stagner à une cinquantaine d’abonnés seulement. Le candidat Manuel Valls, quant à lui, n’a même pas de chaîne éponyme.

Benoît Hamon, lui, a pris de l’avance sur YouTube en se lançant fin décembre. Jusque-là il diffusait des vidéos classiques sous forme de clips faisant défiler ses soutiens sur un fond de musique libre de droit. Mais les vidéos du candidat à la primaire socialiste ne sont pas encore au niveau, du point de vue de Jean Massiet. "Sur YouTube on s’adresse à un copain comme si on prenait l’apéro. La cravate de Benoît Hamon, c’est une erreur", commente le youtubeur politique. "Par contre, son format hyper court : ‘3 minutes chrono’, c’est une très bonne idée". Pour l’instant, avec sa formule en cravate, Benoît Hamon n’a pas encore dépassé les 3 000 vues.

Dupont-Aignan, pas très audible

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La France, est le seul candidat à jouer vraiment le jeu de YouTube. Sur fond bleu et drapeau tricolore, il parle de lui à la 3e personne, avec un débit peu naturel. Mais il finit par se détendre au fil des 19 minutes de sa vidéo postée le 5 janvier. "Un vrai tunnel face caméra. Sans aucun montage, ça va rebuter les gens", estime Jean Massiet. Autre critique du youtubeur : Nicolas Dupont-Aignan a masqué le nombre de ses abonnés : "C’est très mal vu de faire ça dans la communauté YouTube, ça veut dire ‘j’en ai très peu’ !". Seul indice chiffré, la première vidéo de l’élu de droite a fait plus de 5 000 vues sur sa chaîne intitulée "NDA 2017". Un nom qui fait tiquer le youtubeur politique : "Ça en dit long, ça sonne comme une chaîne de campagne qui va disparaître après l’élection", déplore Jean Massiet.

Toujours à droite, sur sa chaîne YouTube, François Fillon a, quant à lui, posté ses vœux aux Français de manière très classique, depuis un bureau au décor présidentiel.

S’il salue l’arrivée des candidats à l’élection présidentielle sur le réseau social, le youtubeur les attend au tournant sur la sincérité de leur démarche. "Veulent-ils vraiment faire de la politique autrement ou utilisent-ils YouTube comme un support éphémère, le temps de leur campagne ?" s’interroge encore le jeune homme. Il faudra attendre après le 7 mai pour le savoir.

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