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AFGHANISTAN

Une Afghane mutilée par son mari : "C’est à nos imams de combattre ces violences"

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La photo a choqué au delà des frontières afghanes. On y voit une jeune femme le visage bandé. Son nez vient de lui être arraché par son mari. Ce nouveau cas d’ultraviolence domestique a révolté les défenseurs des droits de la femme qui exigent des dirigeants, notamment religieux, une prise de position.

 

Interviewée sur son lit d’hôpital à Kaboul par la BBC, Riza Gul, 22 ans, a expliqué que son mari l’avait agressée  le 17 janvier, aidé de plusieurs hommes, dans le village de Gourmarch, dans la province de Faryab, au nord, où les Taliban sont implantés. Son mari, violent avec elle depuis le début de son mariage à 15 ans, rentrait d’un voyage professionnel en Iran quand sa famille lui a indiqué que sa femme avait quitté la maison sans autorisation. L’homme a décidé de s’en prendre physiquement à elle, puis a pris la fuite.

Des fonctionnaires de la province de Faryab rendent visite à Riza Gul.

"Les imams ont le devoir de soulever cette question dans leur prêche"

Sima est activiste pour le droit des femmes en Afghanistan. Elle était en contact avec des proches de Riza Gul.

 

D’après les habitants du village, son mari a trouvé refuge chez les Taliban. S’il est vrai que les violences contre les femmes sont généralisées dans le pays, les zones où les Taliban sont présents sont plus dangereuses encore : les hommes qui s’en prennent à des femmes savent qu’ils pourront toujours trouver refuge chez les insurgés, qui cautionnent cette violence.

 

Cette année a été un cauchemar pour les Afghanes. On a vu tous les cas de violence extrême : des femmes ont été lynchées, brulées, lapidées, décapitées, fouettées.  Sans parler des violences plus courantes encore comme le mariage forcé ou les abus sexuels.

 

Je pense notamment au cas de Rokhshana [lapidée après avoir été accusée d’adultère]. Son histoire a fait beaucoup de bruit et les autorités ont promis que les tueurs seraient jugés, mais encore aujourd’hui, la plupart sont libres.

Photo prise avant qu'elle ne soit transféré.

Avec son bébé à l'hopital de Kaboul.

 

 

Les chiffres que publie le gouvernement sur ces violences sont ridicules, la plupart des victimes n’osant pas se plaindre aux autorités.  En 2013, par exemple, le gouvernement s’est vu signaler 4 505 cas de violences contre les femmes dans tout le pays, ce qui est insignifiant comparé aux données évoquées par les activistes locaux ou les organisations internationales. Et dans les zones rurales, où les violences contre les femmes sont les plus répandues, les données sont quasiment inexistantes.

 

Le meilleur moyen de faire changer les choses, dans un pays religieux comme l’Afghanistan, est de faire intervenir les chefs religieux. Les imams ont le devoir de soulever cette question dans leur prêche. Et le ministère du Hajj et des Affaires religieuses, qui est chargé de les nommer, doit choisir des personnes plus modérées qui condamneront publiquement ces actes. C’est un travail de longue haleine car les imams actuels ont un réel pouvoir sur le gouvernement et influencent l’opinion publique. Changer ces imams, c’est prendre un risque politique. Mais c’est indispensable.

 

Le gouvernement pour sa part doit s’assurer que les lois sont appliquées et que les criminels sont poursuivis. Là encore, c’est un travail complexe car certains membres du parlement cautionnent eux aussi cet extrémisme.

Enfin, je pense que les médias ont la responsabilité de parler plus encore de ces violences. Pour éduquer les hommes mais aussi informer les femmes de leurs droits.

 

Le pire pays au monde pour les femmes

Selon une étude de la fondation Thomson Reuters, l’Afghanistan est le pire pays où vivre pour une femme. Les chiffres sont sans appel : selon l'organisation Global Rights, neuf Afghanes sur dix ont été violentées au moins une fois dans leur vie, qu’il s’agisse de violence physique, morale ou psychologique. Dans la plupart des cas, ce sont des membres de leur famille ou leur mari qui commettent ces actes.

 

En 2009, le pays a fait passer une loi prévoyant des peines pour, entre autres, les mariages précoces et/ou forcés, le viol et la traite des femmes. Mais l’ONU a estimé que les peines n’étaient appliquées que dans 17 % des cas rapportés.

 

Enfin, il n’existe actuellement que quatorze structures disponibles dans tout le pays pour accueillir les victimes. 

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