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SYRIE

Syrie : qu’est devenu le prisonnier Bassel Khartabil, pionnier syrien de l’Internet libre ?

Bassel Khartabil, emprisonné en Syrie depuis 2012, est-il toujours en vie ? Alors que la famille de cette figure de l'Internet libre est sans nouvelles depuis plus de deux mois, des rumeurs sur une condamnation à mort commencent à se propager.

Bassel Khartabil est en prison en Syrie depuis mars 2012
Bassel Khartabil est en prison en Syrie depuis mars 2012 EFF - Electronic Frontier Foundation
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Le sort de l’activiste syrien d’origine palestinienne Bassel Khartabil préoccupe jusqu’au secrétariat d’État américain. En effet, John Kerry, lors de son allocution à l’occasion de la journée mondiale des droits de l’Homme, le 10 décembre 2015, a fait part de son inquiétude.

Car depuis octobre 2015, plus aucun signe de vie. Noura Ghazi, l'épouse de l'activiste Bassel Khartabil, avocate et militante des droits de l’Homme, n’a plus de nouvelles de son compagnon, emprisonné depuis mars 2012 dans les geôles syriennes, sans justification officielle. Des rumeurs, relayées vendredi 11 décembre par le quotidien britannique “The Guardian” font état d’une possible condamnation à mort, voire même d’une exécution en secret. “Il est très difficile d’avoir des informations fiables en ce moment en Syrie, ce que j’ai entendu c’est qu’il a été transféré dans un centre de détention très dur de Damas dont les gens ressortent rarement”, raconte à France 24 Dino Ahmad Ali, artiste et ami de ce chantre de l'Internet libre.

Bassel Khartabil, un défenseur de la liberté d'expression

Il n’est certes pas rare que des Syriens disparaissent du jour au lendemain dans ce pays déchiré par un conflit qui dure depuis 2011. Mais ce n’est pas un hasard si John Kerry a fait un parallèle entre le prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo et l'activiste.

Bassel Khartabil, âgé de 34 ans, a démocratisé l’accès au Web pour les Syriens selon le "Guardian". L'homme a joué un rôle de premier plan dans le mouvement de l’Internet libre au niveau mondial, en participant notamment à la création des versions arabes de Wikipedia et du navigateur internet Firefox. Il a milité auprès de ses concitoyens afin que ces derniers adoptent la licence libre afin de diffuser leurs idées. Il a également contribué au projet "New Palmyra". Ce site permet de télécharger une version en 3D de la ville de Palmyre, telle qu’elle était avant sa destruction par les jihadistes du groupe État islamique. 

Bassel Khartabil était un défenseur de la liberté d’expression. Cet activisme lui a valu d’être reconnu comme l’une des 20 personnalités les plus influentes au monde par le magazine américain "Foreign Policy" en 2012. Une pétition en ligne, comptabilisant plus de 40 000 signatures, appelle le régime syrien à le libérer. “Bassel Khartabil est connu au niveau international et il est très important en Syrie”, souligne Dino Ahmad Ali.

“Révolutionnaire culturel”

“C’était un révolutionnaire culturel”, se souvient son ami, qui a collaboré avec lui pendant trois ans. L'arrestation de l'activiste en mars 2012, soit un an après le début du soulèvement en Syrie, l'a donc quelque peu surpris. Le régime n’a jamais justifié son arrestation. De son côté, Amnesty International affirme que Bassel Khartabil a été torturé pendant six mois avant d’être transféré dans la prison d’Adra, le principal centre de détention de Damas. C’est dans ce pénitencier qu’il a épousé, en 2013, Noura Ghazi.

“Il a pu être arrêté pour n’importe quelle raison, le régime est imprévisible”, assure Dino Ahmad Ali. Il n’est pas le seul activiste spécialiste de l’Internet à s'être retrouvé derrière les barreaux. “Mais certains ont été relâchés”, constate l'artiste. Selon ce dernier, autre chose dérange chez Bassel Khartabil. Son travail pour la maison d’édition Al-Aous, qui a des liens avec le régime d’Assad, en tant que directeur technique, a pu lui donner accès à des informations sensibles. À moins que son aura internationale n’ait contribué à agacer le régime.

Dino Ahmad Ali admet que l'incertitude sur le sort de Bassel Khartabil alarme ses proches. Son épouse, Noura Ghazi, exprime cette angoisse dans un recueil de poèmes intitulé “Attendre”, publié récemment. C’est Bassel Khartabil qui a traduit ce texte en anglais depuis la prison d’Adra, avant qu’on ne reste sans nouvelles de lui.

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