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ÉTATS-UNIS

La rapport qui a servi de prétexte à la guerre en Irak enfin déclassifié

Le rapport des services américains de renseignement, utilisé par l’administration Bush pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003, a été rendu public jeudi. Rien n’y indique que l’Irak avait des armes de destruction massive.

Des soldats américains, en 2004 en Irak, équipés de combinaisons de protection contre les armes chimiques.
Des soldats américains, en 2004 en Irak, équipés de combinaisons de protection contre les armes chimiques. Roberto Schmidt, AFP
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C’était le 7 octobre 2002. George W. Bush, alors président des États-Unis, avait déclaré que l’Irak de Saddam Hussein "possède et produit des armes biologiques" tout en "poursuivant un programme d’armes nucléaires". Le chef de l’exécutif américain assurait s’appuyer sur des renseignements solides et de première main pour alimenter ses accusations justifiant, selon lui, une intervention militaire américaine.

Beaucoup a été dit et écrit sur le caractère exagéré ou mensonger des affirmations américaines de l’époque pour envahir l’Irak. Mais la preuve définitive du fait que l’administration Bush savait que le régime de Saddam Hussein ne développait pas toutes ces armes de destruction massive tout en hébergeant des membres d’al-Qaïda n’a jamais pu être produite… jusqu’à maintenant.

"Pas les moyens pour fabriquer des armes nucléaires"

Le site américain Vice a en effet publié, jeudi 19 mars, le rapport de 2002 sur la menace irakienne, non-censuré et complet, issu des services américains. Ce document cité par George W. Bush et ses ministres était resté "top secret" depuis 13 ans.

À sa lecture, on comprend les réticences des autorités américaines. Concernant les armes chimiques, les espions américains notaient seulement que l’Irak avait "rénové une usine de fabrication de vaccins" et détenait toujours des stocks de certains gaz dangereux (comme le sarin), mais qu’il n’y avait pas d’autres indices laissant supposer que Bagdad avait relancé un éventuel programme d’armes biologiques.

Saddam Hussein n’avait, selon les auteurs de ce rapport, "pas les moyens pour fabriquer des armes nucléaires"... même si les agents américains jugeaient qu’il en avait envie. Dans sa conclusion, l’assistant au secrétaire d’État au renseignement affirme que l’utilisation par Saddam Hussein d’armes de destruction massive est "peu probable", un ton bien moins affirmatif que le président va-t-en-guerre George W. Bush.

Al-Qaïda en Irak : des "preuves irréfutables" et "très discutables"

Le ton n'est pas non plus le même concernant l'éventuelle collusion entre Saddam Hussein et Al-Qaïda. Si Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense de l’administration Bush, avait affirmé que les services de renseignement lui avaient fourni des "preuves irréfutables" du fait que l’Irak abritait, en connaissance de cause, des membres de l’organisation terroriste, les auteurs du rapport écrivent que "la présence d’agents d’Al-Qaïda en Irak est très discutable".

Ils soulignent à plusieurs reprises que les sources fiables manquent pour étayer la thèse d’une collaboration entre le régime irakien et les terroristes du mouvement d’Oussama Ben Laden. "Saddam Hussein est très suspicieux à l’égard de tout ce qui touche à l’islamisme radical", rappelaient même les agents du renseignement.

Pour les auteurs, une collaboration entre le régime irakien et Al-Qaïda aurait pu provenir... d’une opération militaire américaine. "En cas d’attaque américaine, Saddam Hussein pourrait, s’il est désespéré, s’en remettre à une organisation comme Al-Qaïda [...] et juger qu’aider une organisation islamiste radicale à attaquer les États-Unis serait sa meilleure chance de se venger", écrivent les services du renseignement.

Très mauvaise image du renseignement américain

Ce document explosif a été obtenu par John Greenewald, un Américain qui traque les documents classifiés et répertorie ceux qu’il réussit à obtenir sur son site The Black Vault (le coffre fort noir). Il l’a ensuite confié à Vice.

Ce n’est pas la première fois que ce célèbre rapport de 2002 fait l’objet d’une demande de déclassification, mais la première version rendue publique, en 2004, avait été largement censurée pour des raisons de "sécurité nationale".

Les réticences des autorités américaines à rendre ce rapport public dans son intégralité ne visaient pas qu'à protéger l’administration Bush. Le document donne aussi une très mauvaise image du renseignement américain qui manquait d'informations fiables. Avant même sa publication par Vice, l’institut américain de recherches et d’analyses RAND estimait dans une étude sur le renseignement américain qu’en "l’état actuel de nos connaissances, les conclusions sur la présence d’armes de destruction massive en Irak font partie des pires travaux réalisés par les services de renseignement, en partie à cause de la pression politique de l’époque".

Le rapport de 2002 est, en effet, truffé de mises en garde sur l’absence ou la mauvaise qualité des sources pour confirmer telle ou telle information. Malgré la prudence de ses auteurs, c’est bien ce document qui a servi de prétexte, en 2003, à une guerre qui continue à faire des victimes et a coûté, d’après le ministère américain de la Défense, plus de 750 milliards de dollars aux États-Unis.

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