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ESPIONNAGE

La France était une cible prioritaire pour les espions allemands et la NSA

La NSA a espionné 51 lignes téléphoniques françaises par le biais du service de renseignement allemand, a affirmé, vendredi, le député autrichien Peter Pilz. Son homologue Eva Joly a demandé l’ouverture d’une enquête sur ces pratiques entre "alliés".

Des installations radars des services secrets allemands en Bavière (sud de l'Allemagne).
Des installations radars des services secrets allemands en Bavière (sud de l'Allemagne). AFP
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“Je vais vous raconter une histoire…” C’est le récit de l’espionnage par les Allemands de cibles françaises pour le compte de la NSA, que le député écologiste autrichien Peter Pilz a présenté devant la presse, vendredi 5 juin.

Suite à ces révélations, l'eurodéputée européenne, Eva Joly, a demandé que le parquet de Paris ouvre une information judiciaire “sur l’étendue des dommages causés aux victimes françaises” par les pratiques des nos alliés germaniques.

Orange pas coopératif

Les espions américains ont, en effet, pu écouter 51 lignes téléphoniques françaises, entre 2005 et 2008, grâce à la collaboration du BND, le service allemand du renseignement, d’après les documents obtenus par Peter Pilz, spécialiste des questions de surveillance.

Impossible de comprendre, à la simple lecture du document récupéré par Peter Pilz, qui utilise ces lignes françaises jugées prioritaires par la NSA. Seul l’opérateur qui les gère a accès à cette information. Dans l’écrasante majorité des cas, il s’agit de France Telecom. “J’avais invité le PDG d’Orange Stéphane Richard à participer à cette conférence, mais il m’a répondu que cela ne le concernait pas”, affirme Eva Joly.

Signe de la gêne au sein de la maison Orange sur cette question : un syndicaliste de l’opérateur historique devait participer à la conférence de presse mais “a annulé sa venue à 1 h du matin”, raconte l’ex-candidate malheureuse des Verts à la présidentielle française de 2012. “C’est en tout cas la prochaine étape : réussir à mettre des noms derrière ces numéros de ligne”, assure Peter Pilz.

Beaucoup de lignes vers l’Afrique

Le listing procure cependant des informations géographiques. La majorité des lignes classées “prioritaires” par les espions américains relient la France à des villes africaines comme N’Djamena (Tchad), Bangui (République centrafricaine) ou encore Conakry (Guinée) et Abidjan (Côte d’Ivoire). “On peut imaginer qu’il s’agit de liaisons institutionnelles ou gouvernementales”, extrapole Peter Pilz.

Pas facile non plus de savoir quelles données précises la NSA a récolté grâce à l’assistance du BND. “On sait qu’à Francfort - au siège des espions allemands - une équipe de quinze personnes interceptaient l’intégralité des données et les transféraient à un centre en Bavière [sud de l’Allemagne] où les agents allemands et américains faisaient un tri”, explique Peter Pilz.

Ces révélations risquent de compliquer les relations du couple franco-allemand. L’Hexagone a, en effet, été le deuxième pays le plus attaqué par ce nid d’espions germano-américains après les Pays-Bas (78 lignes téléphoniques ciblées).

Deuxième pays le plus attaqué

La France n’est, en effet, pas la seule à avoir été dans le collimateur. Les nouveaux éléments récoltés par Peter Pilz s’ajoutent à une pile grandissante de preuves qui, depuis avril 2015, dévoile peu à peu une vaste coopération entre le BND et la NSA au détriment des autres pays européens. “Seuls l’Estonie, la Lettonie, Malte et la Grande-Bretagne ne sont pas concernés”, souligne le député autrichien.

Les espions allemands se sont mis au service de leurs collègues américains en 2002, dans la foulée de l’émotion suscitée par les attentats du 11 septembre 2001, avait révélé l’hebdomadaire “Der Spiegel” le 24 avril. Le BND était chargé de récolter, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les données provenant de lignes téléphoniques qui traversent l’Allemagne.

Sauf que la NSA était loin de ne s’intéresser qu’à des cibles terroristes, comme l’ont constaté quelques années plus tard les services allemands du renseignement. Des grands groupes comme EADS ou Eurocopter, des institutions internationales et des gouvernements auraient également étaient espionnés, avancent les médias allemands.

Reste à connaître l’identité de toutes les victimes des indiscrétions germano-américaines. C’est la tâche à laquelle plusieurs députés, emmenés par Peter Pilz, se sont attelés. Pour l’instant, ils ont réussi à obtenir l’ouverture d’enquêtes en Suisse, en Autriche et en Belgique. Mais cela prend du temps, reconnaît l’élu autrichien, “et puis les opérateurs ne collaborent pas volontiers”.

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