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CENTENAIRE 14-18

Grande Guerre : "La bande dessinée fait appel à l'intime et à notre histoire"

Cinq ans après le premier tome de "Notre Mère la Guerre", Kris termine sa série sur la Grande Guerre avec un cinquième ouvrage, intitulé "Chroniques". Non sans émotion, l'auteur fait ses adieux à des héros qui ont séduit des milliers de lecteurs.

La couverture de "Notre Mère la Guerre - Chroniques"
La couverture de "Notre Mère la Guerre - Chroniques" Futuropolis
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Depuis le début de l’année 2014, Kris n’a presque pas eu une seconde à lui. Le scénariste de "Notre Mère la Guerre" n’a pas arrêté de parcourir la France avec le dessinateur Maël pour parler de leur bande dessinée consacrée à la Grande Guerre. "On s’est retrouvé à faire un marathon. On termine un peu sur les genoux", raconte-t-il à France 24. "Il y a des semaines où le mercredi, on était à Marseille, le jeudi à la Rochelle et le vendredi à Amiens. J’avais l’impression d’être un musicien !", détaille-t-il en rigolant.

En cette année de centenaire, les deux auteurs sont allés à la rencontre de leurs lecteurs. Depuis 2009, Kris et Maël les ont plongés dans la folie de la Première Guerre mondiale avec leur récit sur de sombres affaires de meurtres dans les tranchées. En quatre tomes, les amateurs de BD ont pu suivre les aventures du lieutenant Roland Vialatte chargé d’enquêter sur ces crimes dans l’enfer des combats. Pour conclure cette série sur 14-18, les créateurs de "Notre Mère la Guerre" viennent de publier un ultime volume intitulé "Chroniques".

Dans celui-ci, les personnages de fiction laissent place au parcours de véritables acteurs du conflit, comme les soldats français Charles Péguy et Louis Barthas ou encore l’écrivain et infirmière anglaise Vera Brittain. "C’est un vrai travail de tri. J’ai essayé de faire ressortir ce qui m’avait le plus marqué lors de mes lectures. Je ne traite que cinq parcours. Il y en a des dizaines d’autres. Cela peut donner envie de s’intéresser à tous les autres".

Pour la première fois, le scénariste Kris y mêle aussi sa propre histoire. Les "Chroniques" racontent comment l’auteur de BD s’est passionné pour cette période alors qu’il était enfant, après la découverte des champs de bataille de la Grande Guerre. "Ce n’est pas du tout une question égocentrique et la volonté d’apparaître à l’image. Je pense qu’on peut intéresser d’autant plus les gens en affirmant un vrai regard et un point de vue. On montre ainsi comment cette histoire est née. Je suis persuadé que plein de gens ont pu être marqués par une visite à Verdun et par la lecture d’un carnet intime", justifie-t-il.

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Une fiction d’archive

Depuis près de 30 ans, Christophe Goret dit "Kris" est ainsi tombé dans la grande histoire sans jamais vraiment en ressortir. Pour donner naissance à "Notre Mère la Guerre", il s’est plongé dans des centaines d’ouvrages. Comme l’a résumé l’historien Nicolas Offenstadt dans la préface, les deux auteurs ont réussi à créer une véritable "fiction d’archive" : "Cela résume vraiment les deux axes de notre travail. On écrit avant tout une fiction car c’est le véhicule qui embarque le lecteur. Après quand on réussi à l’intéresser, on peut alors faire passer tous les messages historiques et pédagogiques sans être barbant".

Pour autant, cet artiste ne se dit pas "obsédé" par le désir de coller au plus près à la réalité des faits. "On cherche une certaine justesse, mais pas une exactitude. La différence est énorme par rapport à l’historien, car si on a besoin d’un peu de liberté pour les besoins du récit, on peut se le permettre, explique Kris. Ce qu’on doit respecter en revanche, c’est le sens qu’on veut y mettre. On a voulu retrouver autant que possible ce qu’ont pu vivre ces soldats et cette société en général, il y a 100 ans".

Et pour retranscrire au mieux le vécu des "poilus", la bande dessinée s’est révélée être un outil des plus efficaces. Pour Kris, le neuvième art, qui bénéfice d’une reconnaissance grandissante, réussit à combiner le meilleur du cinéma et de la littérature. "Il chuchote à l’oreille des lecteurs. Aucun d’entre eux n’aura deux fois la même lecture. Entre deux cases, il fabrique le lien lui-même. C’est un constant aller retour entre l’auteur et le lecteur", estime le créateur de "Notre Mère la Guerre". "Du coup cela fait appel à l’intime et à notre histoire. C’est donc extrêmement adapté pour raconter le fait de subir la guerre quand on est un soldat ou le fait de vivre un deuil quand on est une femme qui vient de perdre un mari, un père ou un fils".

"Je ne m’en suis pas lassé"

Pour preuve de ce lien très fort, la série "Notre Mère la Guerre" s’est vendue à plus de 60 000 exemplaires. Un beau succès commercial et critique dont Kris tourne aujourd’hui la page non sans émotion. Même si un film est en préparation avec le réalisateur Olivier Marchal, le scénariste a du mal à dire au revoir à ses personnages : "Cela fait deux ans qu’on a terminé officiellement la série, fin 2012 et c’est comme si on avait reculé sans cesse l’échéance avec le projet de film et puis les événements autour du centenaire. On a du mal à passer à autre chose".

Kris sait bien qu’il ne lâchera jamais complètement la période 14-18. L’enfant de 12 ans qui avait un jour découvert Verdun est toujours en lui. "Cette guerre pose tellement de questions. Elle a touché toute la société. On peut l’aborder d’un point de vue économique, culturel, social ou amoureux. Il y a aussi la dimension géographique car elle n’a pas concerné que la France. Je ne m’en suis pas lassé", confie-t-il avec  beaucoup d'enthousiasme.

Après le tourbillon de l’année 2014, les coauteurs vont toutefois pouvoir enfin se concentrer sur leur nouvelle bande-dessinée intitulée "Notre Amérique" : "C’est quand même le prolongement logique. On va parler de soldats qui ont survécu à la Première Guerre mondiale et qui pour oublier vont essayer de trouver un idéal dans la révolution à travers différents théâtres de l’entre deux guerre. Comment cela a fini par déboucher sur le fascisme d’un coté et la dictature communiste de l’autre et au final à nouveau sur la guerre".

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