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PRÉSIDENTIELLE 2017

Aux États-Unis, les amis américains de Marine Le Pen préparent le terrain

correspondante de France 24 à Washington DC – À Washington, de nombreux observateurs comparent la candidature de Marine Le Pen à celle de Donald Trump. La candidate a élargi son réseau aux États-Unis ces dernières années et ses alliés lui préparent déjà le terrain.

Guido George Lombardi, intermédiaire de Donald Trump avec les partis populistes européens, dans son appartement de la Trump Tower à New-York.
Guido George Lombardi, intermédiaire de Donald Trump avec les partis populistes européens, dans son appartement de la Trump Tower à New-York. Sonia Dridi / France 24
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À Washington, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, tous les regards sont tournés vers la France. Et pour les observateurs américains, Marine Le Pen paraît presque familière. Comme Donald Trump, elle se revendique nationaliste et fait campagne en jouant sur la peur de l’immigration. Mais si certains aux États-Unis s’inquiètent d’une victoire du Front national, d’autres lui préparent déjà le terrain

Au fil des années, Marine Le Pen s’est tissé un embryon de réseau de l’autre côté de l’Atlantique, et notamment à New York. "Bienvenue à la Trump Tower !", lance ainsi Guido George Lombardi, dit Guido, en ouvrant la porte de son appartement au 63e étage avec un large sourire. Cet Italo-Américain de 66 ans a fait fortune dans l’immobilier. Il habite trois étages en dessous du penthouse du président américain, où vivent encore sa femme Melania Trump et leur fils Baron, et partage avec eux la même vue époustouflante sur Central Park.

"On veut la rencontrer, l’aider"

C’est grâce à sa seconde femme, Gianna Lahainer, que Guido entre dans le cercle du milliardaire devenu président. Proche de la Ligue du Nord en Italie, il devient au fil des années l’intermédiaire de Donald Trump avec les partis populistes européens. Aujourd’hui, il compte parmi ses fréquentations Geert Wilders aux Pays-Bas (PVV), Beppe Grillo en Italie (M5S), Frauke Petry en Allemagne (AfD) et Marine Le Pen en France (FN). Il a rencontré la candidate du Front national il y a un peu plus de 20 ans, à Bruxelles. "J’ai tout de suite remarqué qu’elle n’était pas une figure politique traditionnelle. J’ai été impressionné", se rappelle-t-il.

C’est lui que l’on a vu attablé à côté de la présidente du Front national dans le café de la Trump Tower, en janvier dernier. Malgré les rumeurs sur un éventuel entretien avec Donald Trump, Guido assure que la candidate était là pour rencontrer de potentiels donateurs. "Des gens qui connaissent mon amitié pour elle m’ont dit : 'On veut la rencontrer, l’aider', rapporte-t-il aujourd’hui. Ce sont des personnes avec beaucoup de moyens, des gens de Wall Street ou des hommes d’affaires."

Parmi les invités au cocktail en l’honneur de Marine Le Pen dans l’appartement très kitsch de Guido, des Américains, des Israéliens, des Indiens et des Russes, soit 35 personnes au portefeuille bien garni. D’habitude si bavard, l’hôte de cette petite sauterie ne s’étend pas sur le résultat de ces rencontres. Mais il laisse entendre que la candidate est repartie satisfaite : “J’ai fait les présentations, je n’ai pas assisté à des signatures de chèques. Mais il y a eu d’autres réunions par la suite, en privé, auxquelles je n’étais pas présent. Donc beaucoup de choses ont pu se passer” laisse-t-il entendre.

"Si je pouvais voter, je voterais pour elle"

Guido assure que des membres de l’équipe rapprochée du président américain ont pris le temps de s’entretenir avec des proches de la candidate française. Celui qui se vante d’avoir plusieurs fois éclairé Donald Trump sur la politique européenne ne doute pas qu'il apprécie le programme de Marine Le Pen. Au lendemain des résultats du 1er tour, il se montre très confiant et se rendra à Paris dès la semaine prochaine pour assister au second tour, en signe de soutien. Pour nous prouver son amitié avec la candidate, il nous montre même les échanges de textos qu’il signe "Love", suivi d’un émoticône en forme de cœur.

George Lombardi signe d'un cœur ses messages à Marine Le Pen.

L’influence de Lombardi dépasse d'ailleurs les frontières de Manhattan. À Washington, où il tente de relayer les messages de ses amis de l’extrême droite européenne, il a trouvé une oreille très attentive en Steve King, député républicain de l’Iowa.

Bottes noires de cowboy assorties à son costume, Steve King nous accueille, avec la décontraction des habitants du Midwest. Un drapeau confédéré trône sur son bureau et sa bibliothèque laisse entrevoir une copie du livre anti-islam du député néerlandais Geert Wilders. Ultraconservateur, proche du Tea party, Steve King se lance dans une longue tirade sur le déclin de la civilisation occidentale.

C’est le premier député américain à avoir officiellement apporté son soutien à la candidate du Front national, qu’il confie fièrement avoir rencontré deux fois à Paris. Leur dernier entretien remonte au mois de février : "Je l’ai vue dans un hôtel de la capitale, j’étais en transit, j’ai passé quelques coups de fil et elle est venue avec son compagnon [Louis Alliot, NDLR]". Il poursuit : "Si je pouvais voter, je voterais pour elle. J’admire l’amour qu’elle a pour son pays, son amour pour la culture française, la langue, toutes les choses dont les Français devraient être fiers."

"Qui se ressemble s’assemble !"

Il évoque un flux de l’immigration "presque incontrôlable" en France et s’inquiète : "Si nous devions perdre la France et d’autres pays en Europe de l’Ouest, ce serait ensuite au tour de l’Amérique". Steve King, proche du président américain, prédit une relation très chaleureuse entre Marine Le Pen et Donald Trump : “Je m’attends à ce que le président Trump veuille très vite rencontrer Marine Le Pen, une fois élue, et je pense qu’ils deviendront très bons amis… car qui se ressemble s’assemble !"

Steve King, député républicain de l’Iowa, proche du Tea party.
Steve King, député républicain de l’Iowa, proche du Tea party. Sonia Dridi / France 24

Aux États-Unis, beaucoup ont d’ailleurs interprété les propos de Donald Trump dans une interview à l’agence AP au lendemain de l’attaque sur les Champs-Élysées comme une déclaration de soutien à Marine Le Pen. Celui qui a inauguré sa présidence avec un décret anti-immigration l’avait qualifiée de candidate "la plus ferme sur les frontières et la plus ferme sur les récents évènements en France". Un compliment, alors que Marine Le Pen n’avait pas caché sa déception au lendemain des frappes américaines en Syrie. "C’est une vive source d’étonnement", avait-t-elle alors déclaré sur BFM TV, reprochant à Donald Trump d’avoir agi "sans attendre l’ouverture d’une enquête internationale" sur l’attaque chimique présumée du régime d’Assad. Une première forme de prise de distance.

"Le lien idéal entre Vladimir Poutine et Donald Trump"

Mais les partisans de Trump voient déjà en elle une alliée. Aux pays des lobbyistes, certains préparent depuis plusieurs mois le terrain pour une éventuelle victoire de Marine Le Pen. Michael Flanagan, ancien député républicain de l’Illinois, est en contact avec les équipes de la candidate du FN, à qui il souffle des conseils pour en faire une personnalité populaire en Amérique. La question de l’antisémitisme est un point essentiel. Jean-Marie Le Pen, le très impopulaire père de la candidate, a construit sa carrière politique en multipliant les propos racistes et antisémites. Michael Flanagan a donc conseillé à Le Pen fille de ne pas se mettre à dos les juifs de France et prétend l’avoir poussée à obtenir le soutien de leaders de la communauté juive. “Son équipe a compris cela et a obtenu des déclarations favorables de Roger Cukierman et d’autres. Cela a beaucoup aidé, côté américain", explique-t-il. En 2015, Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), avait créé la polémique en déclarant que Marine Le Pen était "irréprochable personnellement", mais précisant que le FN était "un parti à éviter".

Les soutiens de Marine Le Pen aux États-Unis voient en la candidate un moyen de promouvoir leur agenda. Pour Michael Flanagan, la priorité est au rapprochement entre Moscou et Washington : “Je pense que la France pourrait réussir à créer une sorte de 'lune de miel' entre les États-Unis et la Russie, je pense que c’est quelque chose que Marine Le Pen aimerait beaucoup faire". Pour ce capitaine retraité de l’armée, Marine Le Pen serait le lien idéal entre Vladimir Poutine et Donald Trump. Un trio encore inimaginable il y a un an.

 

 

 

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